1910

Rudolf Hilferding

Le capital financier

QUATRIEME PARTIE - LE CAPITAL FINANCIER ET LES CRISES

CHAPITRE XIX - CAPITAL-ARGENT ET CAPITAL PRODUCTIF PENDANT LA DEPRESSION

1910

Si nous considérons les phénomènes d'accumulation après la crise, la première constatation qui s'impose est que la période de reproduction suivante se déroule sur une échelle plus étroite. La production sociale est réduite. Peu importe à ce propos, du fait de la « solidarité des branches de production », que la surproduction se soit manifestée d’abord dans une sphère ou dans l'autre, car la surproduction dans les sphère principales signifie une surproduction générale. Il n’y a par conséquent aucune accumulation productive, aucune reconversion de profit en capital, aucune utilisation accrue de moyens de production. L’accumulation productive a donc disparu. Mais qu’en est-il de l’accumulation individuelle et des différents secteurs industriels ? Certes, la production se poursuit, quoique sur une base plus étroite. De même il est certain que; pour un grand nombre d’entreprise, surtout les mieux outillées dans les différents secteurs, comme ceux qui produisent les moyens de subsistance absolument nécessaire, on obtient du profit. Une partie de ce profit peut être accumulée. Mais le taux de profit a baissé et cette baisse peut avoir aussi pour résultat de diminuer le taux d’accumulation. De même a baissé la masse du profit, ce qui réduit également la possibilité d'accumulation. Enfin, si une partie de la classe capitaliste obtient du profit une autre partie supporte des pertes, qu'il faut couvrir par du capital supplémentaire pour éviter la faillite. Ainsi pendant la dépression, la production véritable n'est pas élargie. Sil y a par conséquent accumulation, il ne peut s’agir que d'accumulation sous forme d'argent. D’où provient cet argent ?

Représentons-nous encore une fois le schéma de la reproduction.

I 4 000 c + 1 000 v + 1 000 p, soit 6 000

II 2 000 c + 500 v + 500 p, soit 3 000

Ce serait là la production déjà diminuée par la crise. Cependant, les capitalistes ne produisent pas d'argent, mais des marchandises. Pour qu'ils obtiennent de l'argent, et cela en quantités supérieures à celles dont ils disposent déjà - car, autrement, il n'y aurait pas accumulation d'argent -, il leur faut transformer les marchandises en argent en renonçant à reconvertir l'argent en marchandises. Si II veut, sur ces 500 p, en accumuler, disons 250, il lui faut vendre les produits alimentaires (et cela à d'autres membres de la section II, car les échanges de II p se font à l'intérieur de cette section), sans acheter lui-même leurs marchandises aux autres membres, de cette section. Il reste par conséquent, au sein de la section II, 250 p non vendables. Si les uns réussissent à vendre, les autres restent avec leurs marchandises sur les bras. Il se produit ainsi un autre partage de capital-argent : les vendeurs reçoivent l'argent des acheteurs, mais il ne revient pas à ces derniers, étant donné qu'ils ne peuvent pas vendre leurs 250 p.

Nous obtenons le même résultat si nous supposons que les capitalistes du groupe I accumulent la moitié de leur plus-value. Ils peuvent alors vendre 1 000 v + 500 p, qui ont la forme de moyens de production, à II c. Ces derniers payent pour cela 1 500 en argent. Mais, comme I p n'achète plus 2 000 en produits alimentaires, mais conserve 500 c en argent, II c ne peut plus vendre maintenant que 1 500 . Il lui reste par conséquent 500 en produits alimentaires et 500 en argent de moins qui restent accumulés dans les mains de I. Or, si II c n'avance pas 1 000 en argent pour l'achat des moyens de production, mais que I commence le processus, il achètera pour 1 500 en produits alimentaires, avec cet argent II achètera à son tour des moyens de production pour 1 500, ce qui fait que pour I il restera 500 en moyens de production invendables : son espoir d'accumulation ne s'est pas réalisé. II continuera à réduire la production et commencera la reproduction avec 1 500 c en réduisant dans la même proportion son capital variable. Il a possédé 2 000 en argent pour faire l'échange avec I c, mais il n'a utilisé que 1 500, tandis que 500, qui fonctionnaient jusqu'alors en tant que capital-argent, restent immobilisés. A quoi vient s'ajouter la diminution de l'argent avancé en tant que capital variable.

Il apparaît ainsi qu'une simple accumulation d'argent à l'échelle sociale sur la base d'une production réduite ou du moins non élargie est impossible. Il ne peut y avoir qu'une accumulation individuelle, mais cela signifie uniquement que l'accumulation des uns n'est que partage différent du capital-argent des autres, changement qui doit entraîner de nouvelles perturbations de la reproduction. A cela rien n’est changé si nous considérons la classe des producteurs d'or elle-même ; ici assurément une accumulation d'argent est possible, mais elle trouve ses limites dans la grandeur du profit accumulé, obtenu dans cette seule branche de production. Les ventes des autres industries sont réduites du montant de cet argent accumulé, qui est thésaurisé. De quelque façon d'ailleurs qu'on veuille tenir compte de ce facteur, il est au point de vue quantitatif de trop peu d’importance pour qu'on puisse parler d’accumulation générale.

A cette situation le crédit n'apporte aucun changement : 2 000 (p + v) I doivent être vendus en échange des 2 000 c II. Mais une accumulation d'argent signifierait que I vend 2 000, mais qu’il ne rachète que 1 500 à II. Que ces échanges se fassent à l'aide de crédit ou non, I ne peut accumuler 500 en argent ou en crédit-argent ou en bon sur une production future que si II achète 2 000 à I. Mais il ne peut le faire que s’il paye, soit avec ses propres marchandises, ce qui dans notre hypothèse n'est pas possible, soit à l'aide d’un fonds de réserve d’argent, en quoi I n'accumule que ce que II perd. Il est par conséquent inexact que le capital immobilisé dans la période de dépression consiste en capital-argent accumulé sous forme d'argent ou de crédit. C’est du capital-argent libéré par la diminution de la production, qui a servi jusque-là à réaliser les échanges et est devenu superflu du fait que la production a diminué. Son immobilisation correspond à l'immobilisation du capital de production. Les forces productives, par suite de la diminution de la production, ne sont plus utilisées qu'en partie. Le capital constant nouvellement produit reste immobilisé et ne trouve pas d'emploi dans la production le capital-argent et les possibilités offertes par l'organisation du crédit telle qu'elle existe sont devenus trop grands par rapport aux échanges restreints ; ils restent confinés dans les banques et attendent d'être employés ce qui suppose l’expansion de la production.

C'est du reste une singulière idée, de la part des théoriciens des crises, de considérer précisément cette immobilisation du capital-argent comme le plus fort stimulant à l’accroissement de la reproduction 1. Comme si l'arrêt des machines, avec le risque d'usure matérielle et morale qu’il comporte, la diminution de l'utilisation du capital fixe d’une façon générale, laquelle signifie, non seulement absence de profit, mais perte sèche et continue, ne constituaient pas un motif bien plus fort à l'expansion de la production que la baisse de l'intérêt du capital-argent ! Il ne s'agit pas de savoir si le motif qui pousse à l'accumulation après la crise est renforcé sous l'influence de la fluidité de l'argent, mais si, objectivement, il est possible ou non d'élargir la reproduction. D'ordinaire, on constate après la crise une forte fluidité de l'argent, et malgré cela il faut parfois des années pour que la prospérité revienne 2.

Il est amusant de constater combien les opinions des économistes bourgeois changent avec chaque nouvelle manifestation de la conjoncture. C'est ainsi que dans les journaux allemands la dernière crise a été expliquée presque exclusivement par l'enchérissement de l'argent ou l'insuffisance de capital-argent. Maintenant que l'on voit qu'en dépit du maintien de la fluidité internationale de l'argent la dépression continue, on découvre peu à peu que la prospérité ne dépend pas exclusivement de la situation du marché monétaire 3.

Les conceptions erronées sur les causes de la fluidité de l'argent pendant la dépression et de l'influence qu'elle exerce en vue d'y mettre fin reposent en dernière analyse sur le fait qu'au-delà des questions de forme économique on ne voit pas l'aspect matériel de la production sociale, tel que le montre l'analyse de Marx au tome II du Capital. On opère uniquement avec les notions économiques de capital, profit, accumulation, etc., et l'on croit avoir trouvé la solution du problème quand on a montré les rapports quantitatifs sur la base desquels la reproduction simple et la reproduction élargie sont possibles ou des perturbations doivent se produire. On oublie qu'à ces rapports quantitatifs correspondent des rapports qualitatifs, que ce ne sont pas seulement des sommes de valeur qui sont en face les unes des autres et qu'on peut mesurer entre elles, mais aussi des valeurs d'usage d'un genre déterminé qui doivent posséder certaines propriétés dans la production et la consommation ; que, dans l'analyse des processus de reproduction, ce ne sont pas seulement des parties de capital en général qui s'opposent, de telle sorte qu'un trop ou un pas assez de capital industriel peut être « compensé » par une partie correspondante du capital-argent, même pas non plus de capital fixe ou de capital circulant, mais qu'il s'agit de machines, de matières premières, de forces de travail nettement déterminées - techniquement déterminées -, qui doivent exister en tant que valeurs d'usage de ce genre spécifique pour éviter des perturbations 4.

En réalité, nous trouvons, lors de la crise, d'un côté, du capital industriel immobilisé : bâtiment, machines, etc., de l'autre, du capital-argent inutilisé. La même cause qui immobilise le capital industriel immobilise également le capital-argent. L'argent n'entre pas en circulation, ne fonctionne pas en tant que capital-argent, parce que le capital industriel ne fonctionne pas ; il est inoccupé parce que l'industrie est inoccupée. Le « phénix » n'arrête pas la production parce que le capital (capital-argent) lui fait défaut, ni ne la reprend parce que du capital-argent est mis en abondance à sa disposition. Tout au contraire, l'argent existe en abondance parce que la production est réduite. Le « manque » de capital-argent n'est qu'un symptôme de l'arrêt du processus de circulation par suite de la surproduction déjà existante.

Le crédit, premièrement, remplace l'argent comme moyen de circulation, et, deuxièmement, facilite le transfert d'argent. Mais, théoriquement, on peut en faire abstraction si l'on suppose la quantité métallique nécessaire pour une circulation purement métallique.

L'explication des phénomènes de conjoncture par les changements du taux d'intérêt, au lieu de l'explication des phénomènes qui se produisent sur le marché monétaire par les conditions de la production, est propre à presque tous les théoriciens modernes des crises 5. Les raisons en sont faciles à déceler. Les phénomènes qui se produisent sur le marché monétaire se manifestent au grand jour, sont discutés quotidiennement dans la presse et exercent une influence déterminante sur la Bourse et la spéculation. En outre, l'offre de capital de prêt apparaît à tout moment en tant que grandeur déterminée et doit d'ailleurs apparaître telle, car autrement on ne comprendrait pas comment la demande et l'offre peuvent déterminer l'intérêt. Que l'offre de capital de prêt dépende, premièrement, de l'état de la production, et deuxièmement, de la proportionnalité des branches de production qui exerce une influence déterminante sur la durée de circulation des marchandises et, par là, sur la rapidité de circulation de l'argent-crédit, on ne le voit pas, de même que d'une façon générale on ne voit pas la différence qui existe entre le crédit de circulation et le crédit de capital (bancaire), d'autant moins que cette différence semble effacée par l'émission de papier-monnaie, et que tout crédit apparaît, avec le développement du système bancaire, comme du crédit bancaire. Mais, si l'on ne voit pas cette différence, alors l'évolution des phénomènes qui se produisent sur le marché monétaire apparaît dans une tout autre lumière ; le rapport de dépendance semble consister maintenant en ceci que l'expansion de la production exige davantage de capital. Capital est plus ou moins confusément identifié avec capital-argent. La production est élargie, la demande de capital-argent s'accroît, le taux d'intérêt augmente. Finalement, il se produit une pénurie de capital-argent, le taux d'intérêt élevé fait disparaître le bénéfice de la production, les nouveaux placements cessent, et la crise s'ouvre. Ensuite, pendant la dépression, du capital-argent est accumulé au lieu de se transformer immédiatement en capital de placement, idée absurde, car des machines, des docks, des voies ferrées ne sont pas produits avec de l’or. Le taux d'intérêt baisse, les capitalistes d'argent, mécontents du taux d'intérêt bas, placent de nouveau leur argent dans la production, et la prospérité revient. Abstraction faite de la confusion barbare qui est à la base de cette conception des économistes, lesquels, parce qu'ils appellent argent machines et force de travail du capital, font se convertir immédiatement un capital, à savoir l'argent, en l'autre, à savoir en machines, etc., et en force de travail ou, comme ils disent encore, le capital de circulation en capital de placement, les partisans de cette « théorie » ne voient pas que, même du point de vue purement comptable, leurs affirmations sont absurdes. Dans les pays capitalistes développés, les variations du taux d'intérêt ne dépassent pas 5 %, si nous considérons les fluctuations des taux d'escompte officiels de 2 à 7 %, à quoi nous ajouterons qu'à notre avis ces fluctuations sont portées par la législation restrictive sur les banques ou les erreurs de la politique d'escompte bien au-delà de la mesure économiquement rationnelle. Maintenant, les producteurs ont recours au capital-argent pour accroître la production ; autrement dit, la valeur prêtée, transformée en capital productif, augmente, donne du profit, dont l'importance dépend, toutes choses étant égales d'ailleurs, des prix. Or, les fluctuations des prix, pendant la période de haute conjoncture, sont autrement importantes que des fluctuations de 5 %. Un simple coup d'œil sur un tableau des prix montre que des fluctuations de 50 et même de 100 % et davantage ne sont pas chose rare. Certes, les profits peuvent ne pas s'accroître dans les mêmes proportions parce que les prix de revient augmentent. Mais, de toute façon, les augmentations du profit des industries pendant la période de haute conjoncture sont incomparablement supérieures à 5 %. Si les profits des industriels ne baissaient pas pour d'autres raisons, un taux d'intérêt de 7 % n'arrêterait vraiment pas l'accumulation. Si, par exemple, le Syndicat de la houille rhénano-westphalien pouvait écouler toute sa production à des prix de haute conjoncture, il n'hésiterait pas à verser un intérêt de 10 % pour le capital emprunté, qui ne représente qu'une partie de son capital, puisque même pour cette partie il obtiendrait encore, une fois payé l'intérêt, un bénéfice d'entrepreneur 6.

Cette idée singulière que l'intérêt dévore peu à peu le bénéfice de l'entrepreneur est encore renforcée par la confusion totale qui règne au sujet de notions telles que profit, bénéfice de l'entrepreneur, salaire de surveillance, intérêt, dividende, etc. Avec l'extension des sociétés par actions, cette confusion n'a fait que s'aggraver. Le dividende apparaît comme un intérêt, mais un intérêt singulièrement fluctuant par rapport à l'intérêt de prêt fixé à tout moment. La différence entre capital de prêt et capital productif n'apparaît plus maintenant comme celle existant entre un capital portant intérêt et un capital producteur de profit ; ils apparaissent plutôt l'un et l'autre comme capital portant intérêt. Avec cette seule différence que le capital « fluide » rapporte toujours un intérêt déterminé à tout moment, qui est coté chaque jour en Bourse, tandis que le capital « fixe » rapporte un intérêt que l'on ne connaît que par la déclaration de dividendes. La différence en ce qui concerne la sécurité du revenu est encore expliquée par celle qui existe entre le capital « fluide », c'est-à-dire le capital-argent, et le capital « fixe », c'est-à-dire le capital industriel. Si l’on confond ainsi toutes les différences qualitatives, il n'est pas étonnant qu'on édifie sur les différences quantitatives les conceptions les plus biscornues et qu'on s'imagine avoir trouvé dans les fluctuations de l'intérêt une explication suffisante permettant de faire comprendre le mécanisme du renversement de la conjoncture.

Notes

1 A cette tentation même découlant de phénomènes économiques ont succombé non seulement Tougan-Baranowski, mais aussi Otto Bauer dans son pourtant remarquable exposé de la théorie marxienne des crises (Neue Zeit, XXIII, I, pp. 133 sq.).

2 Ce fut notamment le cas au cours de la période de dépression qui suivit 1890. Toute l'année 1893 fut une année d'offre d'argent extrêmement abondante et de taux d'intérêt bas. A la fin de 1894, le taux de l'escompte bancaire à Londres était de 2 %, le taux d'escompte privé au milieu de mars de 1 %. Au milieu de janvier 1895, ce taux d'escompte privé variait entre 0,50 et 7/8 %. Mais, en dépit de la longue et très forte fluidité de l'argent, la prospérité ne revint qu'au cours de la seconde moitié de l'année 1895.

3 D'une façon générale, on constate de nouveau, en liaison avec le déclin des études théoriques, cette mauvaise habitude qui consiste à tirer de quelques observations portant sur un petit nombre d’années des conclusions générales et d'élever les phénomènes d'une phase partielle d'un cycle industriel, et dans le meilleur des cas d'un certain cycle particulier, au niveau des lois générales. D’autres rejettent par contre toute idée de loi générale et se consolent avec la philosophie du « qui vivra verra ». Ils ramènent la science économique à un bavardage de concierge.

4 Cette confusion est portée à son comble dans la théorie des crises de Tougan-Baranowski. Ce dernier ne voit que les particularités de forme spécifiques de la production capitaliste et néglige en cela les conditions naturelles communes à toute production quelle que soit sa forme historique, ce qui l'amène à cette conception étrange d'une production qui n'existe que pour la production tandis que la consommation ne lui apparaît que comme un accident gênant. Si c'est déjà là de la folie, elle représente pourtant une méthode, et même une méthode marxiste, car précisément cette analyse de la particularité de forme historique de la production capitaliste est spécifiquement marxiste. C'est du marxisme devenu fou, mais cependant du marxisme, ce qui rend la théorie du Tougan-Baranowski à la fois si étrange et si excitante. Tougan-Baranowski le sent du reste lui-même, s’il ne le sait pas. D'où sa polémique violente contre la « saine raison humaine » de ses contradicteurs.

5 Cela ne date pas d'aujourd'hui. « Le caractère superficiel de l'économie politique se manifeste entre autres en ce qu'elle présente l'expansion et la contraction du crédit, simples symptômes des périodes successives du cycle industriel, comme en étant la cause » (Marx, Le Capital, I, p. 518).

6 Qu'un intérêt élevé ne suffit pas à provoquer une crise, c'est ce que montre l'exemple suivant. En 1864, la balance des paiements de l'Angleterre était passive. Du fait de la guerre civile en Amérique, les importations de coton s'arrêtèrent, mais en revanche celles provenant des Indes orientales et d'Egypte augmentèrent ce qui accrut les importations en provenance de ces pays, lesquelles passèrent, pour les Indes orientales, de 15 millions de livres en 1860 à 52 millions en 1864 et, pour l'Egypte, de 10 millions de livres à près de 20 millions. La Banque d'Angleterre éleva le taux de l'escompte pour empêcher les sorties de métal. Pendant l'année 1864, ce taux passa de 6 à 9 %. Malgré cela, la crise se réduisit exclusivement au marché financier : sur le marché des marchandises il n'y eut qu'une hausse insignifiante et, « malgré un taux d'escompte qu'on n'avait vu jusqu’alors que pendant une grave pénurie d'argent, le commerce et l'industrie n’ont connu aucune perturbation sensible ». « Malgré la longue disette de coton, le commerce de l'Angleterre pendant tout ce temps ne connut aucune dépression » (Tougan-Baranowski, op. cit., p. 139).

R. Hilferding
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