1936

Editions de minuit, 1975. Léon Trotsky :“La révolution espagnole de 1930 – 1940“

Trotsky

Léon Trotsky

La trahison du "Parti Ouvrier d'Unification Marxiste" espagnol

22 janvier 1936

[1] L'organisation espagnole des " communistes de gauche ", qui a toujours été une organisation confuse, a fini, après bien des oscillations à droite et à gauche, par s'unifier, sur un programme centriste, avec la fédération catalane de Maurin, au sein du parti d’"unification marxiste" (!)

Induites en erreur par ce nom, certaines de nos publications ont écrit de ce nouveau parti qu’il se rapprochait de la IVème Internationale [2] . Rien n'est plus dangereux que d'exagérer ses propres forces sur la base d'une trop crédule imagination. La réalité ne tarde jamais à apporter une désillusion cruelle.

Les journaux nous informent qu'en Espagne l'ensemble des partis " de gauche ", tant bourgeois qu'ouvriers, ont constitué un bloc électoral sur Ia base d'un programme commun, qui bien entendu, ne se distingue en rien du programme de " Front populaire " francais ni de tous les autres programmes charlatanesques du même genre. Nous y trouvons et " la reforme du tribunal des garanties constitutionnelles ", et Ie maintien rigoureux du " principe d'autorité " (!), et l' "affranchissement de la justice de tous soucis d'ordre politique ou économique" (l'affranchissement de la justice capitaliste de l'influence du capital !), et d'autres choses du même genre. Le programme constate Ie refus, par les bourgeois républicains qui participent au bloc de la nationalisation de la terre, mais, " en revanche ", à côté des habituelles promesses à bon marché pour les paysans (crédits, revalorisation des produits de la terre, etc.), il proclame (comme un de ses objectifs) l' "assainissement (!) de l'industrie", et Ia " protection de Ia petite industrie et du commerce "; suit l'inévitable " contrôle sur Ies banques "; cependant, puisque Ies républicains bourgeois, seIon Ie texte de ce programme, repoussent Ie contrôle ouvrier, il s'agit du contrôle sur les banques ..... par les banquiers eux-mêmes, par I'intermédiaire de leurs agents parlementaires dans Ie genre d'Azana et de ses pareils. Enfin, Ia politique extérieure de l'Espagne devra suivre " Ies principes et Ies méthodes de Ia Société des Nations " [3]. Et quoi encore ?

Ont signé, au bas de ce honteux document, les représentants des deux grands partis bourgeois de gauche [4], Ie parti socialiste, l'Union générale des travailleurs, Ie parti communiste (évidemment !), la Jeunesse socialiste - hélas ! -, Ie " parti syndicaliste " (Pestana) [5] et enfin Ie " parti ouvrier d'unification marxiste " (Juan Andrade). La majorité de ces partis s'est trouvée à la tête de Ia révolution espagnole pendant les années de son ascension, et ils ont fait tout ce qui dépendait d'eux pour Ia trahir et l'épuiser. La nouveauté, c'est Ia signature du parti de Maurin-Nin-Andrade. Les anciens " communistes de gauche " espagnols sont tout simplement devenus Ia queue de Ia bourgeoisie " de gauche ". II est difficile de concevoir chute plus humiliante !

ll y a quelques mois est paru a Madrid un livre de Juan Andrade, La Bureaucratie réformiste et Ie mouvement ouvrier, dans Iequel sont analysées, au moyen de citations de Marx, Engels, Lénine et autres auteurs, les causes de Ia corruption des bureaucrates ouvriers. Juan Andrade m'a adressé son livre par deux fois, les deux fois avec des dédicaces très chaleureuses, où il m’appelait son " chef et maître ". Ce geste, qui dans d'autres circonstances n'aurait assurément pu que me réjouir, m'oblige maintenant à déclarer avec d'autant plus de fermeté que je n'ai jamais enseigné, jamais enseigné à personne, la trahison politique. Or, Ia conduite d'Andrade n'est rien d'autre qu'une trahison du prolétariat dans l'intérêt d'une alliance avec la bourgeoisie [6].

II n'est pas superflu de rappeler à ce propos que Ies " communistes de gauche " espagnols, comme l'indique leur nom même, se sont durci les traits afin d'apparaitre, dans chaque occasion propice, comme des révolutionnaires intransigeants. Ils ont en particulier sévèrement condamné les bolcheviks-Iéninistes français pour leur entrée dans Ie parti socialiste ; jamais et en aucun cas ! Entrer de façon temporaire dans une organisation politique de masse pour lutter implacablement dans ses rangs contre ses chefs réformistes sous le drapeau de la révolution prolétarienne, c'est de l'opportunisme, mais conclure une alliance politique avec les chefs du parti réformiste sur la base d'un programme que l'on sait malhonnête et qui sert à tromper les masses et à couvrir la bourgeoisie, c'est du courage ! Peut-on ravaler et prostituer davantage Ie marxisme ?

Le " parti d'unification marxiste " appartient à la fameuse association de Londres des " partis socialistes révolutionnaires " (ex-I.A.G.). La direction de cette dernière se trouve actuellement entre les mains de Fenner Brockway [7], secrétaire de l'Independant Labour Party [8]. Nous avons déjà écrit qu'en dépit des préjugés pacifistes surannés et vraisemblablement incurables de Maxton et autres, l’I.L.P.à pris dans la question de la Société des Nations et de ses sanctions une position révolutionnaire honnête, et chacun de nous a lu avec satisfaction une série d'articles excellents à ce sujet dans Ie New Leader. Lors des dernières élections parlementaires, l'Independant Labour Party s'est même refusé à soutenir sur Ie plan électoral les travaillistes, précisément parce que ces derniers soutenaient la Société des Nations. En soi, ce refus constituait une erreur tactique : là où l'Independant Labour Party ne pouvait présenter ses propres candidats, il devait soutenir les travaillistes contre Ies conservateurs. Mais c'est malgré tout un détail. En tout cas, on ne pouvait être question d'un quelconque " programme commun " avec les travaillistes. Les internationalistes devaient lier Ie soutien électoral (des travaillistes) avec Ia dénonciation de la façon dont les social-patriotes britanniques rampent devant la Société des Nations et ses " sanctions".

Nous nous permettons de poser à Fenner Brockway la question suivante : qu'admet au juste l'"Internationale " dont il est Ie secrétaire ? La section anglaise de cette " Internationale " se refuse à un simple soutien électoral de candidats ouvriers, s'ils sont partisans de la Société des Nations. La section espagnole conclut un bloc avec des partis bourgeois sur un programme commun de soutien à la Société des Nations. Est-il possible d'aller plus loin dans Ie domaine des contradictions, de la confusion, de la faillite ? Il n'y a pas encore la guerre, et les sections de l' " Internationale " de Londres tendent dès maintenant vers des directions diamétralement opposées. Qu'adviendra- t-il donc d'elles quand se produiront des évènements décisifs ?

Mais revenons au parti espagnol d' " unification marxiste " avec la bourgeoisie ! Les "communistes de gauche " espagnols - Andres Nin, Juan Andrade, etc. - ont plus d'une fois rejeté notre critique de leur politique conciliatrice en invoquant notre incompréhension des " conditions particulières " de l'Espagne. Argument habituel de tous Ies opportunistes, car Ie premier devoir du véritable révolutionnaire prolétarien consiste à traduire les conditions particulières de son pays dans Ie langage international du marxisme, compréhensible aussi à l'intérieur des frontières de son propre pays [*]. Mais pour l'heure il n'est pas besoin de ces arguments théoriques. Le bloc espagnol des sommets de la classe ouvrière avec la bourgeoisie de gauche n'a rien en lui-même de " national ", car il ne diffère en rien du " Front populaire " en France, en Tchecoslovaquie, au Brésil et en Chine. Le " parti ouvrier d'unification marxiste " ne fait rien d'autre que mener servilement la politique que le 7ème congrès de l'Internationale communiste a imposée à toutes ses sections, tout à fait indépendamment de leurs " particularités nationales ". La véritable originalité de la politique espagnole réside cette fois uniquement dans Ie fait qu'au bloc avec la bourgeoisie a aussi adhéré la section de l'Internationale de Londres... Tant pis pour elle ! Quant à nous, nous préférons la clarté [9]. Il se trouvera certainement en Espagne de véritables révolutionnaires pour démasquer impitoyablement la trahison de Maurin, Nin, Andrade et consorts, et poser les éléments d'une section espagnole de la IVème Internationale.

[*] A la recherche de justifications pour leur politique, Maurin et Nin invoquent le système électoral espagnol qui rend extrêmement difficile les candidatures indépendantes pour le jeune parti (voir la résolution du C. C., La Batalla, n° 234). Mais cet argument est dénué de valeur. La technique électorale ne peut justifier la politique de trahison que constitue le lancement d'un programme commun avec la bourgeoisie. (Note de Trotsky.)

Notes de P. Broué

[1] Ce texte constitue le premier texte public consacré à l'Espagne par Trotsky depuis son article sur le mouvement de Sanjurjo et les commentaires de La Pravda en 1932. Après la rupture personnelle avec Nin, en 1932, avait éclaté le conflit avec l'organisation espagnole en 1933. Mais, contrairement à ce qui a souvent été dit et écrit, la fusion de la Gauche communiste au sein du P.O.U.M. n'avait pas consacré une rupture, ainsi que l'attestaient les entretiens de Barcelone entre Andres Nin et Jean Rous en septembre 1935. Depuis cette date cependant, les anciens B.-L. espagnols n'avaient pas donné signe de vie, et Trotsky devait apprendre par la presse la nouvelle de la signature par Andrade, au nom du P.O.U.M., du programme électoral des gauches. Ce développement pouvait paraître inattendu. Le 4 novembre, dans La Batalla, le P.O.U.M. s'adressait aux autres partis ouvriers en leur proposant le principe d'une " Alliance ouvrière nationale " dans les élections. Le 22, tout en n'excluant pas la possibilité d'un " accord purement circonstanciel " avec les bourgeois républicains, La Batalla rappelait l'attachement du P.O.U.M. au " front ouvrier " et affirmait qu'il ne pouvait en aucun cas se rallier à la formule du " Front populaire préconisé aujourd'hui par Moscou ". Mais la victoire de Prieto sur Caballero dans le parti socialiste et sa détermination d'arriver à un accord avec les républicains, le désir du P. C. E. de marcher au plus vite vers un " front populaire " allaient placer le P.O. U. M. le dos au mur. Au comité central du 5 janvier 1936, après un rapport présenté par Nin, une résolution unanime engageait le parti dans ce qu'il appelait " le front ouvrier-républicain ", formule qui recouvrait l'acceptation pure et simple du texte élaboré entre socialistes et républicains en vue des élections. La résolution du C. C. insistait sur la nécessité pour le P.O.U.M. d'obtenir une représentation parlementaire, soulignant que la loi électorale lui enlevait tout espoir d'y parvenir en allant seul à la bataille, rappelait enfin que, dans l'hypothèse d'une " candidature de parti, le P.O.U.M. risquait de faire triompher les candidats de droite. " Sans considérant comme décisifs pour le cours général de la politique les résultats électoraux ", la résolution soulignait que les " élections auraient un sens hautement politique ", puisque s'y résoudrait, avant tout, " la question de l'amnistie " des 30 000 ouvriers arrêtés après l'insurrection d'octobre aux Asturies. Andrade signataire du pacte électoral au nom du P.O.U.M., Nin rapporteur sur cette question devant le C. C. du P.O.U.M., les deux anciens dirigeants de la Gauche communiste portaient donc une responsabilité évidente, aux yeux de Trotsky, dans cette initiative politique.

L'article de Trotsky ne semble pas avoir connu une large diffusion. Il a paru initialement dans New Militant, hebdomadaire trotskiste americain, le 15 février, et en France, seulement sous la forme d’une traduction dans le bulletin intérieur du G.B.L., n° 7-8 de mai 1936

[2] La constitution du P.O.U.M. était bien accueillie non seulement par les groupes ou militants ayant déjà rompu avec Trotsky et l'organisation internationale pour la IVème, comme Kurt Landau et Alfred Rosmer, ou le Belge Vereecken, mais aussi par des compagnons de route comme Victor Serge, qui revenait d'U. R. S. S. début 1936, et aussi par des militants responsables de sections du mouvement pour la IVème Internationale comme le Hollandais Sneevliet. En France, Revolution, organe des jeunesses socialistes révolutionnaires, à l'époque également porte-parole des Bolcheviks-Léninistes, écrivait le 7 octobre 1935 : " Depuis octobre, par la fusion de la Gauche communiste et du Bloc ouvrier et paysan, est crée le nouveau parti ouvrier d'unification marxiste. Ce parti propose le regroupement révolutionnaire sur de nouvelles bases afin de tenir compte, non seulement de l'Octobre asturien, mais de toute l'expérience du mouvement ouvrier mondial. Le nouveau parti lutte pour la nouvelle Internationale par son organe La Batalla, qui, dans l’illégalité, tire à 10 000 exemplaires. La Batalla ouvre ses colonnes aux militants des jeunesses socialistes d’Espagne et de la Gauche socialiste en vue de la discussion sur les problèmes de l'unité révolutionnaire. Nous adressons notre meilleur salut au nouveau parti marxiste espagnol. Nous espérons qu'il deviendra par la netteté révolutionnaire et la vigueur dans l'action l'instrument de la victoire du prolétariat espagnol. "

[3] Les expressions entre guillemets choisies par Trotsky pour faciliter sa démonstration figurent effectivement dans le texte du programme signé par le P.O.U.M.

[4] Il s'agissait de la Gauche républicaine de Manuel Azana et de l'Union républicaine de Martinez Barrio. Trotsky ne mentionne pas ici l'Esquerra catalane de Companys, qui signa un peu plus tard.

[5] C'était en avril 1933 que l'ancien dirigeant de la C. N. T. Angel Pestana avait fondé le parti syndicaliste, couronnant ainsi une longue évolution vers la droite. Il allait à ce titre être élu député de Cadix sur le programme commun des gauches.

[6] Les dirigeants du P.O.U.M. n'ont jamais cessé d'être préoccupés par la réponse à ces arguments. Au lendemain des élections, Andres Nin écrivait qu'il s'était agi, pour le P.O.U.M., " de barrer la route à la réaction vaticane, aux sinistres héros de la répression d'octobre, d'obtenir l'amnistie pour les 30 000 emprisonnés " (Nueva Era, n° 8, février 1936). A cette époque, le P.O.U.M. avait déjà fait connaitre son hostilité au maintien de l'accord, et dénoncait la politique de Front populaire (certains auteurs font remarquer que le terme de " Front populaire " ne figurait pas dans l'accord des gauches, mais le P.O.U.M. lui-même l'a employé pour le designer). Le manifeste du P.O.U.M., à la veille de la guerre civile, allait plus loin dans la justification : " Le Front Populaire fut une nécessité historique - provoquée par les erreurs passées des partis socialiste et communiste qui liquidèrent après octobre les Alliances ouvrières et laissèrent aux républicains la direction des masses pendant la période électorale, - et avait un double objectif : chasser du pouvoir la réaction et libérer les 30 000 détenus " (La Batalla, 17 juillet 1936). Plus d'un an après, Gorkin reprend les arguments contenus dans la résolution du 5 janvier, conclut qu'agir autrement eût été " une impardonnable erreur de tactique ", et explique : " Nous avons adapté la tactique réaliste qui répondait aux circonstances ; nous sommes entrés, en nous limitant à la campagne électorale, dans le Front populaire, lequel nous a permis de nous adresser aux masses et de faire devant eux la critique du " front -popularisme " au nom de la lutte de classes " (La Batalla, 20 avril 1937). Juan Andrade, trente-cinq ans plus tard, affirme qu'en signant le programme en question le P.O.U.M. répondait d'abord au désir unanime des masses, partagé même par les " anti-politiques " de la C. N. T.- F.A. I., qui s'abstinrent de lancer leur traditionnel appel au boycottage (Préface de A. Nin, Los Problemas de la revolucion espanola).

Cependant, cette appréciation de Trotsky allait soulever un tollé. Dans un texte éccrit en août 1937, Kurt Landau devait écrire ; " Flétrir des camarades comme "traitres", c'était un crime politique impardonnable. On s'imagine facilement de quels moyens Trotsky se servirait s'il disposait du pouvoir et non pas seulement d'une plume. De la calomnie à l'anéantissement des "traitres", Il n'y a qu'un pas, tout petit. Nous croyons que Trotsky, dans cette question, a rompu définitivement avec les principes de la morale révolutionnaire préconisée par le mouvement ouvrier. " (Juin 36, 26 mai 1939). Notons seulement que le militant autrichien fut le seul, dans les rangs du P.O.U.M., à faire l'amalgame entre l'emploi d'un qualificatif et l'usage de la répression. Vereecken, qui défendit le P.O.U.M. au sein du mouvement pour la IVème Internationale, écrivait de son côté en réponse à Trotsky : " Objectivement, la participation électorale du P.O. U. M. au Front populaire était une trahison, mais n’importe quelle erreur ou faute politique en est une. Une pareille trahison n’a rien de commun des individus ou des groupes qui se joignent, en conscience, au camp adverse. Il est évidemment très difficile de discerner là où la trahison objective se mue en trahison subjective. C'est pour cela qu'il est malhabile de coller, sans preuves irréfutables, le qualificatif de traitre sur les militants révolutionnaires ou un mouvement." ( La Revolution espagnole ", Bulletin intérieur du P. S. R. belge, n° 9, 1937)

[7] Le député de l'Independant Labour Party britannique, secrétaire du Bureau de Londres, Fenner Brockway (aujourd'hui, Lord Brockway), était une des cibles " centristes " favorites de Trotsky.

[8] Au lendemain de la révolution russe, la majorité de l'I. L. P. avait refusé d'adhérer l'Internationale communiste et. repoussé les 21 conditions. Le Bloc ouvrier et paysan de Maurin était résolument hostile à la création d'une Internationale nouvelle, forcément artificielle à ses yeux, et s'était prononcé pour une réunification de la IIème et de la IIIème qui aurait permis d' en réaliser la " synthèse ".

[9] Quelques jours plus tard, le Secrétariat international publiait la mise au point suivante : " Le Secrétariat international, tout en enregistrant la rupture de fait opérée avec lui par la Gauche communiste espagnole lors de la fusion avec le Bloc ouvrier et paysan (Maurin) sur une base typiquement centriste (phraséologie révolutionnaire dissimulant son contenu opportuniste), tout en estimant que ce dernier pas accompli par la Gauche communiste espagnole n'était que la conséquence fatale d'une longue série de divergences avec la Ligue des communistes internationalistes (B.L.) au cours de la révolution espagnole, a décidé, d'accord avec les membres du plénum, de surseoir à toute mesure d'organisation afin de faire apparaitre par l' expérience des faits le contenu opportuniste véritable du P.O.U.M. . Des qu'il eut connaissance des premières informations concernant l'adhésion du P.O.U.M. au bloc électoral des gauches le S. I. a tenu à se désolidariser publiquement d'une telle politique. Le S. I. estime qu'aujourd'hui, en présence de l'adhésion du P.O.U.M. au bloc électoral des gauches et des considérants "électoralistes " invoqués par les dirigeants du P.O.U.M., une telle expérience se révèle pleinement révélatrice, et ses prévisions confirmées : que, dans ces conditions, il y a lieu de dénoncer publiquement l'attitude des membres de la Gauche communiste qui ont couvert cette opération de trahison. Il fait appel aux ouvriers révolutionnaire espagnols et à tous les militants resté fidèles à la Ligue des communistes internationalistes et à sa politique pour fonder la section espagnole de la IVème. Intemationale " (Bulletin intérieur du G. B. L., n° 7-8, mai 1936, p. 11). En fait, il n'existait pas en Espagne de militants prêts à suivre Trotsky dans cette entreprise. Ils avaient été moins d’une demi-douzaine, l'année précédente, à tenter d'entrer au parti socialiste et aux J. S. avec Esteban Bilbao et Fetsen, lesquels avaient depuis cette date rompu toute relation avec le Secrétariat international, qui ne reconnaissait d' ailleurs aucune " section espagnole " et ne s'y décidera qu’ en novembre 1936.