1931

Trotsky

Léon Trotsky

Lettre à Léon Sédov

8 novembre 1931

8 novembre 1931

Mon très cher Ljova,

  1. Je t'envoie deux documents sur l'état des affaires en Angleterre. Maintenant, avec l'aide de Shachtman et de Glotzer, il existe un espoir de faire bouger les choses du point mort dans l'Opposition anglaise. Au cas où les documents ci-joints seraient traduits dans des langues étrangères, il faut en exclure les trois premiers paragraphes de la lettre.

  2. J'ai regardé les documents grecs. Je suis en accord complet avec ta lettre nº 2 pour eux. Leur bilan est très intéressant ; malgré ma fièvre de travail je l'ai lu entièrement. Ce serait très souhaitable qu'ils donnent quelques extraits à traduire de leur presse sur la situation en Grèce et les objectifs du parti communiste. Il faudrait aussi enquêter pour savoir quels sont les livres nouveaux sur la Grèce, et sinon les livres, les bons articles ou reportages. Il faut nous intéresser à la Grèce.
    Naturellement la question de Spartacos aurait dû être depuis longtemps tranchée. Malheureusement le secrétariat ne s'occupait que des affaires de couloirs de la Ligue. Il aurait peut-être été possible d'utiliser la méthode suivante :
    Les archio marxistes élaborent quelques exigences d'ordre programmatique, tactique et organisationnel qu'à leur avis le secrétariat devrait présenter à Spartacos en demandant qu'ils répondent dans un délai donné.
    Au cas où la réponse n'est pas satisfaisante ou au cas où il n'y a pas de réponse du tout, Spartacos se mettrait lui même en dehors de l'Opposition de gauche.
    Toute l'opération, me semble-t il, peut être réalisée en deux trois semaines si nous agissons avec fermeté et résolution. Dans cette question, il est tout à fait essentiel d'aller au devant des archio marxistes à mi chemin ; le plus nécessaire est de trouver la meilleure façon de régler la question.

  3. Die Rote Fahne nº 31 est arrivée. Jan va t'écrire plus longuement à ce sujet. Le rapport n'est naturellement pas très important mais je ne peux néammoins en aucun cas accepter qu'on envoie ici un camarade seulement pour la "défense". Maintenant que Shachtman et Glotzer vont à Londres, peut être sera-t il possible de trouver un camarade anglais. C'est l'affaire d'une semaine. En ce moment précis, après la dénonciation, il faut nous attendre à un répit pendant un certain temps. Nous allons entreprendre quelque chose par les autorités locales. Nous allons nous mêmes amarrer le navire. Envoyer un Allemand n'a pas de sens, sauf peut être pour remplacer Jan. Il faut étudier cette question. Il souffre terriblement de la malaria ici. Je pense qu'il a besoin de changer de climat pendant quelques mois. Au secrétariat, il serait absolument irremplaçable comme "permanent". Cela réglerait d'un coup la question du transfert du secrétariat à Berlin. Glotzer a abordé la problème avec Jan précisément dans le sens indiqué plus haut, c'est juste en soi. Il serait naturellement extrêmement difficile pour moi à tous égards de me séparer de Jan. Mais compte tenu de sa maladie d'un côté, de celle du secrétariat de l'autre, cela pourrait bien se révéler l'unique décision juste, après tout. En ce cas, et en ce cas seulement, on aura  besoin d'un camarade allemand supplémentaire outre un Anglais ou un Anglo-Français.