1922 |
Cet article a été édité le 10 juillet 1922 dans le No159 du journal Les Izvestia V.Ts.I.K , publié en volume dans «Comment la révolution s'est armée» et republié en 1927 dans le Tome XXI de l'œuvre «La culture de la période de transition (1923-1926)»en russe. Il a été traduit en anglais et a paru dans le recueil «How The Revolution Armed» (vol.4). |
Œuvres – juillet 1922
Le «Tu» et le «Vous dans l'Armée Rouge
«Savez- vous (ti) qui je suis ? » «Oui, vous (voui) êtes le chef de la garnison.» Je doute que dans le cas présent le dialogue ait été correctement transcrit. Sinon, on devrait conclure que le chef de la garnison n'utilise pas le bon ton en parlant aux hommes de l'Armée Rouge. Les soldats de l'Armée Rouge peuvent bien sûr utiliser l'article familier en parlant ensemble entre camarades mais précisément entre camarades et seulement entre camarades. Dans l'Armée Rouge un officier ne peut pas utiliser l'article familier quand il s'adresse à un subordonné, si ce dernier s'attend à ce qu'on lui réponde poliment. Une expression de l'inégalité entre les personnes aura un tout autre résultat, pas une expression de la subordination dans la ligne du devoir. Bien sûr «tu» et «vous» ne sont seulement qu'une question de convention. Mais des relations humaines précises sont exprimées par cette convention. Dans certains cas l'article familier est utilisé pour exprimer des relations de proche camaraderie. Mais quand ? Quand la liaison est réciproque. Dans les autres cas l'article familier transmettra le dédain, l'irrespect, le regard de haut en bas, une nuance de hauteur seigneuriale quand à son attitude vis-à-vis des autres. Un tel ton est absolument intolérable dans l'Armée Rouge. D'aucuns ceci peut sembler une chose insignifiante. Tout au contraire ! Un homme de l'Armée Rouge doit tout à la fois se respecter et respecter les autres. Le respect de la dignité humaine est un facteur extrêmement important du maintient de la cohésion morale de l'Armée Rouge. Le soldat rouge de l'armée se soumet à ses supérieurs dans la ligne du devoir. Les exigences de la discipline sont inflexibles. Mais, en même temps le soldat sent et sait qu'il est un citoyen conscient appelé à exécuter des ordres de la plus haute importance. La subordination militaire doit être accompagnée par l'égalité civique et morale, laquelle ne permet pas le viol de la dignité humaine. Les Izvestia V.Ts.I.K no159,
le 10 juillet 1922