(juin 1918)
L'idée que la guerre actuelle est, pour l'Allemagne et l'Autriche une guerre défensive, est trop favorable aux Empires centraux. On ne peut la considérer comme juste que si l'on tient compte des armements de tous les pays. En fait, et cela s'avère toujours plus, il s'agit d'une guerre de conquête (Expansionskrieg) de l'impérialisme allemand, dans laquelle l'Autriche-Hongrie n'a été pour ce dernier qu'un instrument. A cet égard, les derniers aveux de Guillaume II — que nombre de gens ont d'abord été enclins à excuser, tant il savait bien jouer son rôle de nature impulsive — sont précieux.
Le 15 juillet 1918, le kaiser déclarait que le sens de la guerre mondiale lui était apparu avec clarté, dès le premier moment. Nous nous en souviendrons. — « Jamais, dit-il, il ne partagera les illusions du peuple allemand. » Ceci est renversant. Mais qui donc suggéra au peuple allemand ces illusions ? Qui donc lui « bourra le crâne » avec raffinement, sans vergogne ? Qui donc l'affola et l'amena par degré à la fureur ? Le trompeur qui se justifie devant le trompé, en affirmant qu'il ne crut jamais à ses propres inventions, a vraiment du toupet.
Pour ce qui est de la préparation militaire, le capitaine de vaisseau (de l'état-major de l'Amirauté) indique dans sa brochure de propagande, récemment parue : la Guerre mondiale et la flotte, que l'Allemagne était, au début des hostilités, à la tête de toutes les puissances quant à la navigation sous-marine, et qu'elle possédait le plus grand nombre de submersibles de grande dimension aptes à la navigation au long cours.
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