(début de mai 1918)
Une chose est nécessaire à nos amis de Russie, une chose est nécessaire au pouvoir des soviets dans sa situation actuelle — nécessaire plus que toute autre : créer au plus tôt des forces combattantes sûres et suffisantes pour repousser tout d'abord l'impérialisme allemand, pour se libérer de son étreinte, pour offrir enfin à l'Ukraine, à la Finlande et aux autres pays limitrophes un ferme appui, et préparer ainsi la cristallisation de la Russie sur des bases fédératives. Pour assurer la durée de la société socialiste, pour lui garantir la possibilité d'accomplir ses grandes réformes, afin qu'elle puisse servir de modèle et être utile au prolétariat des autres pays, en préparant consciemment la révolution mondiale, sur le chemin de laquelle l'impérialisme allemand est le premier et le plus grand obstacle, une chose est nécessaire avant toute autre aux Soviets russes : ils n'ont besoin ni de manifestation, ni de solennités décoratives, mais de la force physique, réelle, sûre. Pour la créer, il faut, il est vrai, outre de l'énergie, de l'intelligence et du temps : de l'intelligence, pour gagner le temps, dont la plus grande et la plus prévoyante énergie humaine a besoin.1
Note
1 Au revers de cette feuille. Liebknecht a écrit : « Bien des choses se sont encore perdues, surtout de celles qui concernent la Russie ! ».
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