1918

Source : numéro 13 du Bulletin communiste (deuxième année), 31 mars 1921, précédé de l'introduction suivante :
« Les petits articles inédits que nous publions aujourd'hui ont été écrits par Karl Liebknecht le grand communiste allemand en 1917 et 1918, pendant son emprisonnement, à une époque où il ne recevait qu'un journal quotidien, qu'on lui donnait d'ailleurs après l'avoir lu, c'est-à-dire avec une semaine de retard. Ces journaux, il ne pouvait les lire que le dimanche, le travail obligatoire ne lui laissant, les jours ouvrables, qu'un quart d'heure de loisir. »



Schufterlé1et consorts

Karl Liebknecht

fin mars 1918


Le 27 février 1918, M. Erzberger2 a délivré aux socialistes gouvernementaux l'attestation bien méritée, que « leur parti est celui qui a fait les plus grands sacrifices à l'union nationale ». Le fait est qu'on peut mesurer exactement la profondeur de leur chute depuis le 4 août 1914, en comparant leurs premières et leurs dernières déclarations de vote des crédits. Il était question dans la première, de « défense nationale » ; dans celles de mars 1918, il est simplement dit que le refus des crédits rendrait les cercles militaires tout-puissants.

Ainsi, des centaines de milliards sont accordés aux chefs militaires, qui n'ont pourtant pas besoin de ces crédits pour être puissants, afin de s'opposer à leur toute-puissance ! C'est qu'on donne aux cercles militaires pour cent milliards de forces vives, afin de se garder à soi une place dans les communes de l'Empire.

Cette chute est du reste plus apparente que réelle. Le premier vote de crédits n'avait, en somme, rien manifesté de plus que le désir des votants d'entrer au service de l'Etat. Seulement ce désir était à l'époque plus habilement dissimulé. L'impudence des socialistes s'est accrue. C'est tout et c'est bien.

Notes

1 Schufterlé (schuft, en allemand, coquin), personnage de Schiller, incarnant la fourberie.

2 Député du Zentrum.



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