1914

"On ne peut pas comprendre totalement « le Capital » de Marx et en particulier son chapitre I sans avoir beaucoup étudié et sans avoir compris toute la Logique de Hegel."


Lénine

Résumé de la Science de la logique de Hegel

LIVRE II : LA THÉORIE DE L'ESSENCE

TOME IV. (BERLIN, 1834)
Ie PARTIE. LA LOGIQUE OBJECTIVE
LIVRE II LA THÉORIE DE L'ESSENCE

PREMIÈRE SECTION : L'ESSENCE COMME RÉFLEXION EN SOI-MÊME


« La vérité de l'être est l'essence » (3)1. Telle est la première phrase qui a une résonance totalement idéaliste, mystique. Mais aussitôt après commence,


pour ainsi dire, à souffler une brise fraîche. « L'être est l'immédiat. Voulant connaître2 le vrai, ce que l'être est en soi et pour soi, le savoir n'en reste pas » (n'en reste pas NB) « à l'immédiat et à ses déterminations, mais au contraire il

Théorie de la connaissance

pénètre (NB) à travers (NB) celui-ci, avec la présupposition que derrière (italiques de Hegel) cet être est encore quelque chose d'autre que l'être lui-même, et que cet arrière-fond constitue la vérité de l'être. Cette connaissance est un savoir médiatisé, car elle ne se trouve pas immédiatement auprès de l'essence et en


elle, mais elle commence par un autre, l'être, et elle a à faire un chemin préliminaire, le chemin de la sortie au-delà de l'être ou plutôt de sa rentrée en lui-même »...

« le chemin »

Cette Bewegung3, ce chemin du savoir, semble « activité du connaître » (Tätigkeit des Erkennens) « extérieure à l'être ».

Signification objective

« Mais ce cours est le mouvement de l'être lui-même. »

« L'essence est ce qu'elle est... par son propre mouvement infini de l'être » (4).

« L'essence absolue... n'a pas d'être-là. Mais elle doit passer dans l'être-là »... (5).

L'essence est à mi-chemin entre l'être et le concept, comme passage au concept (=absolu).

Subdivisions de l'essence : apparence (Schein), phénomène (Erscheinung), réalité (Wirklichkeit).

Das Wesentliche und das Unwesentliche (8). Der Schein4 (9).

Dans l'inessentiel, dans l'apparence, il y a un moment du non-être (10).

C'est-à-dire que l'inessentiel, l'apparent, le superficiel, disparaît plus souvent, n'est pas aussi « solide », aussi « fermement installé » que l' « essence ». Etwa5 : le mouvement d'un fleuve — l'écume au-dessus et les courants profonds en bas. M a i s l'écume aussi est expression de l'essence !

L'apparence et le scepticisme respective6 le kantisme :

« C'est ainsi que l'apparence est le phénomène du scepticisme, ou encore le phénomène de l'idéalisme, une immédiateté qui n'est pas un quelque chose, ni une chose, qui n'est pas en général un être indifférent, qui serait en dehors de sa déterminité et de son rapport au sujet.


Le scepticisme ne se permettait pas de dire « cela est » ; l'idéalisme moderne ne se permettait pas de regarder les connaissances comme un savoir de la chose en soi ; cette apparence était censée en principe ne pas avoir la base d'un être, et dans ces connaissances la chose en soi était censée ne pas entrer en scène.


Mais, en même temps, le scepticisme admettait des déterminations multiples de ses apparences ou, plutôt, son apparence avait pour contenu toute la richesse multiple du monde. Tout de même, le phénomène de l'idéalisme comprend en soi l'étendue totale de ces déterminités multiples. »

NB

Vous mettez dans le Schein7 toute la richesse du monde et vous niez l'objectivité du Schein ! !

« Cette apparence-là et ce phénomène-ci sont immédiatement déterminés ainsi de manière multiple. Ce contenu peut bien alors sans doute n'avoir à son fondement aucun être, aucune chose ou chose en soi, il reste pour soi tel qu'il est ; il a seulement été transporté de l'être dans l'apparence, de sorte que l'apparence a, à l'intérieur de soi-même, ces déterminités multiples, immédiates, étantes, autres les unes par rapport aux autres. L'apparence est par conséquent elle-même un déterminé immédiat. Elle peut avoir tel ou tel contenu, mais


quelque contenu qu'elle ait, il n'est pas posé par elle-même, mais au contraire elle a ce contenu de manière immédiate. L'idéalisme leibnizien, kantien, fichtéen, comme les autres

immédiateté de l'apparence

formes d'idéalisme a, tout aussi peu que le scepticisme, dépassé l'être en tant que déterminité et cette immédiateté. Le scepticisme se laisse donner le contenu [« immédiatement

ils ne sont pas allés plus profond !

donné » ! !] de son apparence ; quel qu'il soit il est pour lui immédiat. La monade leibnizienne développe à partir d'elle-même ses représentations, mais elle n'est pas la force qui les produit et qui les lie, au contraire elles s'élèvent en elle comme des bulles ; elles sont indifférentes, immédiates les unes à l'endroit des autres, comme à l'endroit de la monade elle-même. Le


phénomène kantien est tout autant un contenu donné de la perception, il présuppose des affections, des déterminations du sujet qui sont immédiates à l'égard d'elles-mêmes et à

cf. machisme ! !

l'égard de ce sujet. L'impulsion infinie de l'idéalisme fichtéen peut bien n'avoir à son fondement aucune chose en soi, si bien qu'elle est purement une déterminité dans le Moi. Mais cette déterminité est en même temps une déterminité immédiate, une borne de ce moi qui la fait sienne et abroge son extériorité ; une borne qu'il peut dépasser, mais qui a en elle-même un aspect de l'indifférence selon laquelle, bien qu'elle soit dans le moi, elle renferme un non-être immédiat de celui-ci » (10—11).


...« Les déterminations qui le (den Schein) distinguent de l'essence sont les déterminations de l'essence elle-même »...

...« C'est l'immédiateté du non-être qui constitue l'apparence... L'être est non-être dans l'essence. Sa nullité en soi est la nature négative de l'essence elle-même »...

apparence = nature négative de l'essence

...« Ces deux moments : la nullité, mais comme subsister, et l'être, mais comme moment, c'est-à-dire la négativité étant en soi et l'immédiateté reflétée qui constituent les moments de l'apparence, sont, par conséquent, les moments de l'essence elle-même »...

« L'apparence est l'essence elle-même dans la déterminité de l'être »... (12—13).

L'apparence est :

    1. rien, le non-existant (Nichtigkeit) qui existe

    2. l'être comme moment


« L'apparence est ainsi l'essence elle-même, mais l'essence dans une déterminité et telle cependant qu'elle est seulement son moment et que l'essence est l'apparaître de soi-même » (14).

L'apparence L'apparent est l'essence dans une de ses déterminations, dans un de ses aspects, dans un de ses moments. L'essence paraît être cela. L'apparence est l'apparaître (Scheinen) de l'essence elle-même en soi-même.

...« L'essence renferme... l'apparence en soi-même comme le mouvement infini en soi »...

...« L'essence dans cet automouvement qui est le sien est la réflexion. L'apparence est la même chose que la réflexion » (14).

L'apparence (l'apparent) est le reflet de l'essence en soi (en elle)-même.

...« Le devenir dans l'essence, son mouvement réfléchissant est par suite le mouvement du néant au néant et, par là, le retour à soi-même »... (15).

Ceci est pénétrant et profond. Dans la nature et dans la vie il y a des mouvements « vers le néant ». Seulement « venant du néant », sans doute, il n'y en a pas. Toujours partant de quelque chose.

« La réflexion est prise habituellement dans un sens subjectif comme le mouvement de la faculté de juger qui s'élève au-dessus d'une représentation immédiate, et qui cherche pour elle ou compare avec elle des déterminations universelles » (21). (Suit une citation de Kant, « Critique de la faculté de juger »)8... « Or il n'est question ici ni de la réflexion de la conscience, ni de la réflexion plus déterminée de l'entendement, qui a pour ses déterminations le particulier et l'universel, mais de la réflexion en principe »...

Donc, ici encore, Hegel accuse Kant de subjectivisme. Ceci NB. Hegel est pour la « signification objective » (sit venia verbo9) de l'apparence, de l' « immédiatement donné » [le terme « donné » est courant chez Hegel en général, ici même v. p. 21 i. f. ; p. 22]. Des philosophes plus petits discutent pour savoir s'il faut prendre comme fondement l'essence ou l'immédiatement donné (Kant, Hume, tous les machistes). Hegel met et à la place de ou en expliquant le contenu concret de cet « et ».

« Die Reflexion est le paraître de l'essence en soi-même » (27) (traduction ? réflexivité ? détermination réflective ? réflexion ne va pas).

...« Elle » (das Wesen10) « est un mouvement à travers des moments distingués, médiatisation absolue avec soi »... (27).

Identité — différence — contradiction

(+[Gegensatz]11 en particulier opposition)

(fondement)...

C'est pourquoi Hegel met en évidence l'unilatéralité, la fausseté de la « loi d'identité » (A = A), de la catégorie (toutes les déterminations de l'être sont des catégories — pp. 27-28).

« Quand tout est identique avec soi, il n'est pas distingué, il n'est pas opposé, il n'a pas de fondement » (29).

« L'essence est simple identité avec soi » (30).

La pensée ordinaire met côte à côte (« daneben ») la ressemblance et la différence, sans comprendre « ce mouvement du passage de l'une de ces déterminations dans l'autre » : (31).

Et derechef contre la loi d'identité (A = A) : ses partisans,

« en se tenant à cette identité immobile qui a son opposé dans la différence, ne voient pas qu'ils en font par là une déterminité unilatérale, qui, comme telle, n'a pas de vérité » (33).

NB les deux termes sont soulignés par moi

(« Tautologie vide » : 32)

(« Contient seulement la vérité formelle, une vérité abstraite imparfaite » (33).

[Les formes de la réflexivité : extérieure, etc., sont développées très obscurément.]

Les principes de la différence: « Toutes choses sont différentes »... « A est également non A »... (44).

« Il n'y a pas deux choses qui soient pareilles »...

Il y a différence par tel ou tel côté (Seite), Rücksicht, etc., « insofern », etc.12

Bien dit ! !13

« L'habituelle tendresse pour les choses, dont le seul souci est qu'elles ne se contredisent pas, oublie ici comme ailleurs que la contradiction n'est pas résolue par là, mais bien déplacée en un autre lieu, dans la réflexion subjective, c'est-à-dire extérieure en général, et qu'en fait c'est celle-ci qui renferme comme abrogés et rapportés l'un à l'autre dans une unité une les deux moments qui en vertu de cette mise à l'écart et de ce transfert sont énoncés comme un simple être posé » (47).

(Cette ironie est charmante ! « La tendresse » pour la nature et l'histoire (chez les philistins), c'est le désir de les épurer des contradictions et de la lutte)...

Le résultat de l'addition de + et de — est zéro. « Le résultat de la contradiction n'est pas seulement zéro » (59).

La résolution de la contradiction, la réduction du positif et du négatif à de « simples déterminations » (61) transforme l'essence (das Wesen) en fondement (Grund) (ibidem).

NB

...« La contradiction résolue est, par conséquent, le fondement, l'essence comme unité du positif et du négatif »... (62).


« Une expérience réduite du penser réfléchissant percevra déjà que si l'on a déterminé quelque chose comme positif et qu'on progresse à partir de cette base, ce positif s'est immédiatement mué sous la main en négatif et inversement le déterminé négativement en positif, que le penser réfléchissant s'embrouille dans ces déterminations et devient contradictoire à soi-même. L'ignorance de la nature de ces déterminations voit dans cette confusion quelque chose d'illégitime qui ne doit pas avoir lieu et les attribue à une erreur


subjective. Ce passage reste en réalité pure confusion tant que la conscience de la nécessité du changement n'est pas là » (03).

... « On prend surtout l'opposition du positif et du négatif en ce sens que celui-là (bien que d'après son nom il exprime l'être posé) serait un objectif, tandis que celui-ci serait un subjectif qui ressortirait seulement à une réflexion extérieure, que l'objectif existant en et pour soi ne concernerait en rien et ne serait présent d'aucune façon pour lui » (64). « Si en effet, le négatif n'exprime rien d'autre que l'abstraction d'un arbitraire subjectif »... (alors ce négatif n'existe pas pour « l'objectif positif »)...

la vérité et l'objet

« La vérité aussi est le positif, en tant qu'elle est le savoir en accord avec l'objet ; mais elle n'est cette égalité avec soi que pour autant que le savoir s'est comporté négativement envers l'autre, a pénétré l'objet et abrogé la négation qu'il est. L'erreur est un positif en tant qu'elle est une


opinion qui se sait et s'affirme de ce qui n'est pas étant en soi et pour soi.

l'étant en et pour soi

Quant à l'ignorance, elle est ou bien l'indifférent envers la vérité et l'erreur, donc n'est déterminée ni comme positif ni comme négatif et sa détermination


comme manque ressortit à la réflexion extérieure ; ou bien, en tant qu'objectif, détermination propre d'une nature, elle est la pulsion qui est dirigée contre soi-même, un négatif qui renferme en soi une direction positive. C'est une des connaissances les plus importantes que de saisir et de retenir cette nature des déterminations réflexives considérées, selon laquelle la vérité est seulement dans leur relation réciproque et, par conséquent, consiste en ce que chacune renferme l'autre dans son concept même ; sans cette connaissance on ne peut à proprement parler faire aucun pas en philosophie » (65—66), Ceci est tiré de la note 1. — — — —

Note 2. « La loi du tiers exclu ».

Hegel énonce ce principe du tiers exclu : « Une chose est ou bien A ou bien non-A ; il n'y a pas de troisième » (66) et « l'analyse ». Si cela veut dire que « tout est un opposé », que tout a sa détermination positive et sa détermination négative, alors c'est bien. Mais si on entend par là, comme on le fait ordinairement, que de tous les prédicats il convient, celui-ci ou son non-être, alors c'est « trivial » ! ! L'esprit... est-il doux ou « non doux » ? Vert ou non vert ? La détermination doit aller vers la déterminité ; or dans cette trivialité elle ne mène à rien.

Et puis, continue Hegel avec esprit, on dit qu'il n'y a pas de tiers. Et bien, il y a un tiers dans cette thèse elle-même. A lui-même est ce tiers car A peut être et + A et — A, « le quelque chose lui-même est donc ce troisième qui est censé exclu » (67).

[C'est pénétrant et vrai. Toute chose concrète, tout quelque chose concret est en rapports divers et souvent contradictoires avec tout le reste, ergo14 elle est elle-même et autre chose.]

Note 3 (à la fin du chapitre 2, 1re section du livre II de la Logique). « La loi de contradiction ».

« Or si les premières déterminations de la réflexion, l'identité, la diversité et l'opposition, devaient être mises dans une proposition, à plus forte raison la détermination dans laquelle elles passent comme dans leur vérité, à savoir la

contradiction, devrait être saisie et énoncée dans une proposition : toutes les choses sont contradictoires en soi-même et cela dans le sens que cette proposition, à l'encontre des autres, exprimerait bien plus la vérité et l'essence des choses. La contradiction qui perce dans l'opposition n'est que le néant développé qui est contenu dans l'identité et qui

s'annonçait dans l'expression : le principe d'identité ne nous dit rien. Cette négation se détermine plus avant en diversité et opposition, qui est maintenant la contradiction posée.

Mais c'est là un des principaux préjugés de la logique qui a eu cours jusqu'ici et du représenter habituel, de croire que la contradiction n'est pas une détermination tout aussi essentielle et immanente que l'identité ; même s'il était

question ici de hiérarchie et que les deux déterminations soient à maintenir dans la séparation, c'est la contradiction qui serait à prendre comme le plus profond et le plus essentiel. Car l'identité, en face d'elle est seulement la détermination

du simple immédiat, de l'être mort ; tandis que la contradiction, elle, est la racine de tout mouvement et de toute vitalité ; c'est seulement dans la mesure où quelque chose a en soi une contradiction qu'il se meut, qu'il a pulsion et activité.

La contradiction est habituellement d'une part écartée des choses, de l'étant et du vrai en général ; on affirme qu'il n'y a rien qui soit contradictoire. Elle est d'autre part, au contraire, déplacée dans la réflexion subjective, qui ne la poserait que par sa relation et sa comparaison. Mais elle ne serait pas non plus à proprement parler présente dans cette

réflexion, car le contradictoire ne pourrait être représenté ni pensé. Que ce soit dans le réel ou dans la réflexion pensante, elle vaut en général pour une contingence, quelque chose comme une anomalie et un passage paroxystique morbide.

En ce qui concerne l'affirmation qu'il n'y a pas la contradiction, qu'elle n'est pas un existant, nous n'avons pas à nous préoccuper d'une telle assurance ; une détermination absolue de l'essence doit nécessairement se trouver dans toute expérience, dans tout réel et dans chaque concept. La même chose a déjà été rappelée plus haut, à propos de l'infini, qui est la contradiction, telle qu'elle se montre dans la sphère de l'être. Mais l'expérience commune dit qu'il y a pour le moins une foule de choses contradictoires, d'institutions contradictoires, etc., dont la contradiction n'est pas seulement dans une réflexion extérieure, mais est présente au contraire en elles-mêmes. Mais de plus, elle n'est pas à prendre comme une simple anomalie qui surviendrait ici ou là, mais elle est au contraire le négatif dans sa détermination

essentielle, le principe de tout automouvement qui ne consiste en rien d'autre que dans une figuration de celle-ci. Le mouvement sensible extérieur lui-même est son être-là immédiat. Quelque chose se meut non pas seulement en ce

qu'il est ici dans ce « maintenant » et là-bas dans un autre « maintenant » ; mais bien en ce qu'il est ici et non ici dans un seul et même « maintenant » en étant et n'étant pas en même temps dans cet « ici ». On doit nécessairement accorder aux dialecticiens antiques les contradictions qu'ils dévoilaient dans le mouvement ; mais il ne s'ensuit pas que pour autant le mouvement n'est pas, mais bien plutôt que le mouvement est la contradiction même étante.

De même, le mouvement intérieur, l'automouvement à proprement parler, la pulsion en général (appétit ou nisus de la monade, l'entéléchie de l'essence absolument simple) n'est rien d'autre que le fait que quelque chose en soi-même et le manque, le négatif de soi-même est sous un seul et même rapport. L'identité abstraite avec soi n'est encore nulle

vitalité mais, que le positif est en soi-même négativité, c'est par là qu'il sort de soi et se pose dans le changement. Quelque chose n'est donc vivant qu'autant qu'il renferme en soi la contradiction et même qu'il est la force capable d'embrasser et de supporter la contradiction. Mais quand un existant est incapable, dans sa détermination positive, de passer en même temps à sa détermination négative et de maintenir l'une dans l'autre, lorsqu'il est incapable d'avoir la contradiction en lui-même, il n'est pas l'unité vivante elle-même, il n'est pas fondement, mais s'abîme dans la contradiction. Le penser spéculatif consiste seulement en ceci que le penser maintient la contradiction et se maintient

soi-même en elle et non qu'il se laisse dominer par elle et qu'il laisse ses déterminations se résoudre seulement dans d'autres déterminations ou dans le néant, comme cela se passe pour la représentation » (67—70).


Le mouvement et « l'automouvement » (ceci NB ! mouvement autonome (indépendant), spontané, intérieurement nécessaire), « le changement », « le mouvement et la vitalité », « le principe de tout automouvement », « la pulsion » (Trieb) vers le « mouvement » et « l'activité » — l'opposé à « l'être mort » — qui croirait que c'est là le fond de « l'hégélianisme », de cet abstrait et abstrus15 (lourd, absurde ?) hégélianisme ? ? Ce fond il fallait le découvrir, le comprendre, le hinüberretten16, le décortiquer, l'épurer, et c'est ce que Marx et Engels ont fait.

L'idée du mouvement et du changement universels (1813, Logique) est trouvée avant son application à la vie et à la société. Proclamée pour la société (1847 ) avant d'être démontrée dans son application à l'homme (1859)17.

masquée par la simplicité

« Si dans le mouvement, dans la pulsion, etc., la contradiction est cachée pour la représentation par la simplicité de ces déterminations, elle se présente en revanche immédiatement dans les déterminations de relations. Les exemples les plus triviaux, haut et


bas, droite et gauche, père et fils,... et ainsi de suite à l'infini, renferment tous le contraire en un. Haut est ce qui n'est pas bas ; haut n'est précisément que ceci : ne pas être bas, et il n'est que pour autant qu'il y a un bas, et inversement ; dans chaque détermination réside son contraire. Père est l'autre du fils, et fils, l'autre du père, et chacun n'est que comme cet autre de l'autre ; et, en même temps chacune de ces déterminations n'est qu'en rapport avec l'autre, son être est leur subsister un »... (70).

« Le représenter a bien par suite partout la contradiction pour contenu, mais il n'en vient pas à la conscience de cette contradiction ; il demeure réflexion extérieure qui passe de l'égalité à l'inégalité, c'est-à-dire de la relation négative

à l'être reflété des différents en soi. Elle tient ces deux déterminations l'une en face de l'autre extérieurement et n'a qu'elles en vue, mais non pas le passage ; qui est l'essentiel et contient la contradiction. — La réflexion d'esprit, pour

en faire mention ici, consiste au contraire dans le concevoir et le dire de la contradiction. Bien qu'à la vérité elle n'exprime pas le concept des choses et de leurs rapports et qu'elle n'ait pour matériel et contenu que des déterminations de la représentation, elle met ces dernières dans un rapport qui renferme leur contradiction et laisse paraître leur concept à travers celle-ci. Mais c'est la raison pensante qui aiguise, pour ainsi parler, la différence émoussée du divers, la simple multiplicité des représentations, jusqu'à en faire une différence essentielle, une opposition, C'est seulement une fois poussés à la pointe de la contradiction que les multiples deviennent mobiles et vivants les uns par rapport aux autres et acquièrent en elle la négativité qui est la pulsation immanente de l'automouvement et de la vie » (70—71).

NB

  1. La représentation ordinaire saisit la différence et la contradiction, mais pas le passage de l'une à l'autre, or c'est cela le plus important.

  2. Réflexion d'esprit et intelligence.

    La réflexion d'esprit saisit la contradiction, l'exprime, elle met les choses en rapport les unes avec les autres, laisse « paraître leur concept » à travers cette contradiction mais n'exprime pas le concept des choses et de leurs rapports.

  3. La raison pensante (l'intelligence) aiguise la différence émoussée du divers, la simple multiplicité des représentations, jusqu'à en faire une différence essentielle, une opposition. C'est seulement à la pointe de la contradiction que les diversités deviennent mobiles (regsam) et vivantes les unes par rapport aux autres,— et acquièrent cette négativité qui est la pulsation interne de l'automouvement et de la vie.

Subdivisions :

Der Grund — (le fondement18)

    1. le fondement absolu —, die Grundlage (la base). « Forme et matière ». « Contenu ».

    2. le fondement déterminé (en tant que fondement [pour] un contenu déterminé).

      [Son passage dans la médiation conditionnante die bedingende Vermittelung]

    3. la chose en soi (passage en existence). Note. « La loi de raison suffisante ».

      L'habituel : « Tout a sa raison suffisante ».

« Cela ne signifie universellement rien d'autre que : ce qui est, est à considérer non pas comme un immédiat étant, mais comme un posé ; il n'a pas à en rester à l'être-là immédiat ou à la déterminité en général, mais au contraire à revenir de là dans sa raison »... Il est superflu d'ajouter : raison suffisante. L'insuffisant n'est pas une raison d'être.

Leibniz, qui a fait de la loi de raison suffisante la base de sa philosophie, en avait une conception plus profonde. « Mais Leibniz opposait le suffisant de la raison principalement à la causalité, au sens strict, et notamment à la causalité comprise comme mode mécanique d'action » (76). Il cherchait la « Beziehung » der Ursachen19 (77) — « le tout en tant qu'unité essentielle ».

Il cherchait la fin, mais pour Hegel la téléologie ne vient pas ici, mais concerne la théorie du concept.

...« Il n'y a donc pas lieu de demander comment la forme vient à l'essence, car elle est seulement le paraître de celle-ci en soi-même, la réflexion immanente (sic !) qui lui est propre»... (81)

La forme est essentielle. L'essence est mise en forme. D'une façon ou d'une autre, en fonction, aussi, de l'essence...

L'essence en tant qu'identité (avec soi-même) sans forme devient matière.

...« Elle » (die Materie) « est... le fondement à proprement parler ou le substrat de la forme ».. (82).

« Si l'on fait abstraction de toutes les déterminations, de toute forme d'un quelque chose, il ne reste que la matière indéterminée. La matière est tout simplement un abstrait. (— On ne peut pas voir la matière, la sentir, etc.,— ce qu'on voit et sent, c'est une matière déterminée, c'est-à-dire une unité de la matière et de la forme) » (82).

La matière n'est pas le fondement de la forme, mais l'unité du fondement et du fondé. La matière est le passif, la forme est l'actif (tätiges) (83). « Il est donc nécessaire que la matière soit formée et que la forme se matérialise »... (84).

« Ce qui apparaît comme activité de la forme est en outre tout autant le mouvement propre de la matière elle-même »... (85—86).

NB

...« L'un et l'autre, le faire de la forme et le mouvement de la matière, sont la même chose... La matière est déterminée en tant que telle, c'est-à-dire qu'elle a nécessairement une forme, et la forme est purement et simplement forme matérielle, subsistante »... (86).

Note : « Mode d'explication formel à partir de raisons tautologiques. »

Très souvent, surtout dans les sciences physiques, on explique les « raisons » d'une façon tautologique : le mouvement de la terre s'explique par la « force d'attraction » du soleil. Mais qu'est donc la force d'attraction ? Un mouvement aussi ! ! (92). De la tautologie creuse : pourquoi cet homme va-t-il à la ville ? (93) A cause de la force d'attraction de la ville ! Il arrive aussi que la science donne d'abord comme « raison » les molécules, l'éther, « la matière électrique »(95-96), etc.., et puis on s'aperçoit « qu'ils » (ces concepts) « sont plutôt des déterminations déduites de ce qu'elles sont censées fonder, des hypothèses et des inventions découlant d'une réflexion non critique »... Ou bien on dit que « nous ne connaissons pas l'essence intérieure de ces forces et matières elles-mêmes »... (96), alors il ne resterait plus rien à « expliquer » mais simplement à se limiter aux faits...

Der reale Grund20... n'est pas une tautologie, mais bien « une autre détermination du contenu »... (97).

A propos du « fondement » (Grund), Hegel note entre autres choses :

« Quand on dit de la nature qu'elle est le fondement du monde, alors ce qu'on appelle la nature ne fait d'une part qu'un avec le monde et le monde n'est rien que la nature elle-même » (100). D'autre part, « il s'ajoute encore à la nature, pour qu'elle devienne monde, une multiplicité de déterminations »...

Puisque chaque chose a « mehrere »21 « déterminations de son contenu, rapports et points de vue », on peut présenter autant qu'on veut d'arguments pour et contre (103). C'est ce que Socrate ou Platon appelaient la sophistique. De tels arguments ne contiennent pas toute « l'étendue de la chose », ne l' « épuisent » pas (dans le sens de « contenir les liaisons de la chose. » et « d'embrasser tous » ses aspects).

Passage du fondement (Grund) à la condition (Bedingung).



If I'm not mistaken, there is much mysticism and leeres22 pédantisme chez Hegel dans ces conclusions, mais l'idée fondamentale est géniale : l'idée de la liaison universelle multilatérale vivante de tout avec tout et du reflet de cette liaison — materialistisch auf den Kopf gestellter Hegel23 — dans les concepts de l'homme qui, eux aussi, doivent être affûtés, émondés, souples, mobiles, relatifs, mutuellement liés, uns dans leurs oppositions, afin d'embrasser l'univers. Continuer l'œuvre de Hegel et de Marx doit consister dans le traitement dialectique de l'histoire de la pensée humaine, de la science et des techniques.

Et le traitement « purement logique » ? Das fällt zusammen24. Cela doit coïncider, comme l'induction et la déduction dans le « Capital ».






Le fleuve et les gouttes dans ce fleuve. La situation de chaque goutte, son rapport aux autres ; sa liaison avec les autres ; la direction de son mouvement ; la vitesse ; la ligne du mouvement — droite, courbe, circulaire, etc.— vers le haut, vers le bas. La somme du mouvement. Les concepts en tant qu'inventaires des aspects particuliers du mouvement, des gouttes particulières (= « les choses »), des « filets » particuliers, etc. Voilà à peu près le tableau de l'univers d'après la Logique de Hegel — naturellement moins le Bon Dieu et l'absolu.

Souvent chez Hegel le mot « moment » est pris dans le sens de moment de liaison, de moment dans la jonction.




« Quand toutes les conditions de la chose sont présentes, elle entre dans l'existence »... (116).

Très bien ! Que viennent faire ici l'Idée absolue et l'idéalisme ?

Amusant, cette « déduction »... de l'existence.


DEUXIÈME SECTION : LE PHÉNOMÈNE

Première phrase : « L'essence doit nécessairement apparaître »... (119). L'apparition de l'essence est (1) Existenz (la chose) ; (2) le phénomène (Erscheinung). (« Le phénomène est ce qu'est la chose en soi », p. 120.) « Au monde du phénomène fait face le monde reflété en soi, étant en soi »... (120). (3) Verhältnis (le rapport) et la réalité.

Entre autres : « La preuve est en général la connaissance médiatisée »...

... « Les différentes espèces de l'être exigent ou renferment leur espèce particulière de médiation ; aussi la nature de la preuve est-elle également différente pour chacune d'elles »... (121).

[Et derechef... sur l'existence de Dieu ! ! Ce pauvre bon Dieu, dès qu'on prononce le mot existence, il se sent visé.]

L'existence se distingue de l'être par sa médiatisation (Vermittelung : 124). [? Par son caractère concret et sa liaison ?]

... « La chose en soi et $on être médiatisé sont tous les deux contenus dans l'existence, et tous les deux sont eux-mêmes des existences ; la chose en soi existe et elle est l'existence essentielle de la chose, mais l'être médiatisé est son existence inessentielle »... (125).

[? La chose en soi est à l'être comme l'essentiel est à l'inessentiel ?]

... « Cette dernière » (Ding-an-sich) « est censée n'avoir aucune multiplicité déterminée en elle-même et c'est pourquoi elle ne reçoit cette multiplicité qu'en étant rapportée à la réflexion extérieure, mais elle lui reste indifférente. (— La chose en soi n'a de couleur que d'être rapportée à l'œil, d'odeur que d'être rapportée au nez, etc.) »... (126).

...« Une chose a la propriété de produire dans un autre cet effet-ci ou cet effet-là et de s'extérioriser dans sa relation d'une manière qui lui est propre »... (129). « La chose en soi existe donc de façon essentielle »...

Dans une note, il est question de la « chose en soi de l'idéalisme transcendantal »...

... « La chose en soi en tant que telle n'est rien d'autre que la vide abstraction de toute déterminité, dont on ne peut assurément rien savoir, précisément parce qu'elle est censée être l'abstraction de toute détermination »...

« L'idéalisme transcendantal... « déplace dans la conscience tant selon leur forme que selon leur contenu » toute déterminité des choses »... « C'est donc de ce point de vue en moi, dans le sujet, que je vois les feuilles des arbres non pas noires, mais vertes, le soleil rond et non pas carré, que je trouve le sucre doux et non pas amer, que je détermine le premier et le second coup d'une horloge comme successifs, et non comme simultanés, que je ne détermine pas le premier comme cause ou non plus comme effet du second, etc. »(131)... Hegel fait plus loin cette réserve qu'ici il a seulement considéré le problème de la chose en soi et l' « äußerliche Reflexion »25.

« Or l'essentiel de l'insuffisance du point de vue auquel en reste cette philosophie consiste en ceci : elle s'en tient à la chose en soi abstraite comme à une détermination ultime et oppose à la chose en soi la réflexivité, c'est-à-dire la déterminité et la multiplicité des propriétés alors qu'en réalité la chose en soi a de manière essentielle cette réflexion extérieure en elle-même et s'avère comme une chose pourvue de déterminations propres, de propriétés ; ce par quoi l'abstraction de la chose qui consiste à être pure chose en soi, se fait voir comme une détermination non vraie » (132).

le fond = contre le subjectivisme et la coupure entre la chose en soi et le phénomène

... « Ces choses au pluriel, différentes, se tiennent par leurs propriétés dans un rapport essentiel d'action réciproque ; la propriété est cette relation réciproque elle-même, et la chose n'est rien en dehors de ses propriétés »... (133).

Die Dingheit26 passe en Eigenschaft27 (134). Eigenschaft passe en « matière » ou « Stoff »28 (« les choses se composent de différentes matières »), etc.

« Le phénomène est... tout d'abord l'essence dans son existence »... (144). « Le phénomène est... l'unité de l'apparence et de l'existence »... (145).

loi (des phénomènes)

Unité dans les phénomènes : « Cette unité est la loi du phénomène, La loi est donc le positif de la médiatisation de l'apparaissant » (148).

[Tout ceci est ténèbres et obscurité. Mais il y a visiblement une pensée vivante : le concept de loi est un des degrés de la connaissance par l'homme de l'unité et de la liaison, de l'interdépendance et de la totalité du processus universel. L' « émondage » et le « démontage » des mots et des concepts auxquels se livre ici Hegel est une lutte contre l'absolutisation du concept de loi, contre sa simplification, sa fétichisation. NB pour la physique moderne ! ! !]

NB

La loi est le durable

« Ce subsister que le phénomène a dans la loi »... (149).

(ce qui demeure) dans le phénomène

(La loi est l'identique dans le phénomène)

« La loi est la réflexion du phénomène dans l'identité avec soi » (149). (La loi est l'identique dans les phénomènes : « le reflet du phénomène dans son identité avec soi-même ».)

NB

La loi = image calme

... « Cette identité, la base du phénomène qui constitue la loi, est son propre moment... La loi n'est donc pas au-delà du phénomène, mais au contraire elle lui est immédiatement

des phénomènes

NB

présente, le royaume des lois est l'image calme (italique de Hegel) du monde existant ou apparaissant »...

C'est une définition remarquablement matérialiste et remarquablement juste (par le mot « ruhige »29). La loi prend ce qui est calme — et par là la loi, toute loi, est étroite, incomplète, approchée.

NB

La loi est le phénomène essentiel

« L'existence retourne à la loi, comme à son fondement ; le phénomène contient ces deux moments,— le fondement simple et le mouvement de la dissolution de l'univers apparaissant dont il est l'essentialité ».

« La loi est donc le phénomène essentiel » (150).

Ergo, loi et essence sont des concepts homogènes (du même ordre), ou plus exactement du même niveau, qui expriment l'approfondissement de la connaissance humaine des phénomènes, de l'univers, etc.

Le mouvement de l'univers dans les phénomènes (Bewegung des erscheinenden Universums), dans l'essentialité de ce mouvement est la loi.

NB
(La loi est le reflet de l'essentiel dans le

mouvement de l'univers.)


(le phénomène est la totalité, la globalité)

((loi = partie))

« Le royaume des lois est le contenu calme du phénomène ; le phénomène est le même contenu, mais il se présente dans le changement sans repos, comme réflexion dans l'autre... le phénomène

(Le phénomène est plus riche que la loi)

est par suite, par rapport à la loi, la totalité, car il contient la loi mais aussi davantage encore : le moment de la forme qui se meut elle-même » (151)


Mais plus loin, p. 154, il semble reconnaître, quoique de façon vague, que la loi peut combler ce Mangel30, qu'elle peut englober et l'aspect négatif, et la Totalität der Erscheinung31 (en particulier 154 i. f.) Y revenir !

Le monde en soi-même est identique au monde des phénomènes, mais en même temps il lui est opposé (158). Ce qui est positif dans l'un est négatif dans l'autre. Ce qui est mal dans le monde des phénomènes est bien dans le monde en soi. Cf., dit ici Hegel, la « Phénoménologie de l'esprit », p. 121 ff.

« Le monde apparaissant et le monde essentiel... sont tous les deux le tout autonome de l'existence ; l'un serait censé être seulement l'existence réfléchie, l'autre l'existence immédiate ; mais chacun se continue dans son autre et il est par suite en lui-même l'identité de ces deux moments... Les deux mondes sont en premier lieu indépendants, mais ils ne le sont que comme totalités, et ils ne sont totalités que pour autant que chacun a essentiellement le moment de l'autre en lui-même »... (159—160).

Le fond ici, c'est que et le monde des phénomènes et le monde en soi sont des moments de la connaissance de la nature par l'homme, des degrés, des modifications ou des approfondissements (de la connaissance). L'éloignement du monde en soi de plus en plus loin du monde des phénomènes — voilà ce qu'on ne voit pas jusqu'ici chez Hegel. NB Chez Hegel les « moments » du concept n'ont pas la signification de « moments » du passage ?

...« La loi est ainsi rapport essentiel » (italiques de Hegel).

(La loi est un rapport. Ceci NB pour les machistes et autres agnostiques et pour les kantiens, etc. Un rapport des essences ou entre essences. )

« Monde exprime généralement la totalité sans forme de la multiplicité »... (160).

Et le chapitre III (« Le rapport essentiel ») commence par la proposition : « La vérité du phénomène est le rapport essentiel »... (161).

Subdivisions :

Rapport du tout à la partie (sic ! ! (p. 168)) ce rapport passe dans le suivant : — de la force à son extériorisation ; — de l'intérieur et de l'extérieur. — Passage à la substance, à la réalité.

...« La vérité du rapport consiste ainsi dans la médiation »... (167).

« Passage » à la force : « la force est l'unité négative dans laquelle s'est résolue la contradiction du tout et des parties, la vérité de ce premier rapport » (170).

((C'est un des 1000 endroits semblables chez Hegel qui mettent hors d'eux les philosophes naïfs dans le genre de Pearson, auteur de « The Grammar of Science »32.— Il cite un passage analogue et rage : Voilà le galimatias qu'on enseigne dans nos écoles ! ! ! Et il a raison dans un certain sens, partiellement. Enseigner cela est absurde. Il faut d'abord extraire la dialectique matérialiste de sa gangue. Et il y a les 9/10 de gangue, de déchets.))

La force apparaît comme « ressortissant » (als angehörig) « à la chose existante ou matière »... « Quand par conséquent on demande comment la chose ou la matière en vient à avoir une force, celle-ci apparaît comme extérieurement unie et imprimée à la chose par une violence étrangère » (171).

...« Cela se présente dans tout développement naturel, scientifique et spirituel, et il est essentiel de

reconnaître que ce qui est le premier, pour autant que quelque chose n'est d'abord qu'intérieurement c'est-à-dire aussi dans son concept, n'est précisément pour cette raison que son être-là immédiat, passif »... (181),

#

Le commencement de tout peut être considéré comme intérieur — passif — et en même temps comme extérieur.

Mais ce qui est intéressant ici, ce n'est pas cela, mais autre chose : le critère de la dialectique qui a échappé par mégarde à Hegel ; « Tout développement naturel, scientifique et spirituel » : voilà où est le grain de la vérité profonde dans la gangue mystique de l'hégélianisme !

# Feuerbach daran « knüpft an »33. Chassez Gott, il reste Natur34.

((

Exemple : l'embryon humain n'est qu'homme intérieur dem Anderssein Preisgegebenes35, passif. Au commencement, Gott n'est pas encore esprit. « Immédiatement, Dieu est donc seulement la nature » (182).

(Cela aussi est caractéristique ! !)


TROISIÈME SECTION : LA RÉALITÉ


...« La réalité est l'unité de l'essence et de l'existence »... (184).

Subdivisions ; 1) « l'absolu » — 2) la réalité proprement dite. « La réalité, la possibilité et la nécessité constituent les moments formels de l'absolu ».— 3) « le rapport absolu » : la substance.

« En lui-même (dem Absoluten), il n'y a aucun devenir » (187) — et autres niaiseries sur l'absolu...

l'absolu est l'absolu absolu...

l'attribut est l' » relatif...

(!!)

Dans une « note » Hegel parle (d'une façon trop générale et nébuleuse) des défauts des philosophies de Spinoza et de Leibniz.

Noter entre autres :

« Il est de règle qu'à l'unilatéralité d'un principe philosophique s'oppose

habituellement : d'une extrême à l'autre

l'unilatéralité antagoniste et que la totalité, comme partout, soit présente pour le moins au titre d'une intégralité dispersée » (197).

totalité = (sous forme) d'intégralité dispersée

La réalité est plus haute que l'être et que l'existence.

  1. L'être est immédiat

  2. L'existence (elle passe en phénomène)

  3. La réalité

« L'être n'est pas encore réel » (200). Il passe en l'autre. — naît du fondement, des conditions, mais il n'y a pas encore en elle l'unité « de la réflexion et de l'immédiateté ». unité de l'existence et de l'être en soi (Ansichsein)

... « La réalité se situe aussi plus haut que l'existence »... (200).

...« La nécessité réelle est relation que remplit le contenu »... « Or cette nécessité est en même temps relative »... (211).

« La nécessité absolue est donc la vérité dans laquelle réalité et possibilité en général font retour, de même que la nécessité réelle et formelle » (215).

(Suite)36...

(Fin du livre II de la Logique, Théorie de l'essence)...

Noter que la Petite Logique (Encyclopédie) expose la même chose, très souvent plus clairement, avec des exemples concrets. Cf. idem Engels et Kuno Fischer37.

Sur le problème de la « possibilité » Hegel note le vide de cette catégorie et il dit dans l'Encyclopédie :

« Si cela est possible ou impossible, cela dépend du contenu, c'est-à-dire de la totalité des moments de la réalité qui dans son déplacement s'avère être la nécessité. » (Encyclopédie, t. VI, p. 28738, § 143, Supplément.)

« La totalité, l'ensemble des moments de la réalité qui dans son déplacement s'avère être la nécessité. »

Le déplacement de tout l'ensemble des moments de la réalité NB = l'essence de la connaissance dialectique.

Cf. dans cette même Encyclopédie, t. VI, p. 289 le passage éloquent sur la vanité d'admirer seulement la richesse et la succession des phénomènes naturels et sur la nécessité

...« de s'engager vers une vue plus précise de l'harmonie intérieure et des lois de la nature»... (289) (Près du matérialisme.)

Ibid. Encyclopédie, p. 292 : « La réalité développée en tant qu'échange de l'extérieur et de l'intérieur coïncidant en un, échange de ses mouvements opposés qui s'unissent en un mouvement un, c'est la nécessité ».

Encyclopédie, t. VI, p. 294 : ...« Aveugle, la nécessité l'est seulement pour autant qu'elle n'est pas comprise »...

Ib. p. 295: « Il lui arrive (dem Menschen39)... que dans son faire se produit quelque chose de tout à fait autre que ce qu'il a cru et voulu »...

Ib. p. 301 : « La substance est un degré essentiel dans le processus du développement de l'idée »...

Lisez : un degré essentiel dans le processus du développement de la connaissance humaine de la nature et de la matière.

Logique, tome IV :

... « Elle (die Substanz) est l'être dans tout être »... (220)40.

Le rapport de substantialité passe dans le rapport de causalité (223).

...« La substance est seulement réalité en tant que cause »... (225).

D'une part, il faut approfondir la connaissance de la matière jusqu'à la connaissance (jusqu'au concept) de la substance afin de trouver les causes des phénomènes. D'autre part, connaître réellement la cause c'est approfondir la connaissance en allant de l'aspect extérieur des phénomènes à la substance. Deux sortes d'exemples devraient expliquer cela : 1) pris dans l'histoire de la science de la nature et 2) pris dans l'histoire de la philosophie. Plus exactement : il ne faut pas ici des « exemples » — comparaison n'est pas raison41 — mais la quintessence de l'une et l'autre histoire + l'histoire des techniques.

« L'effet ne contient... en principe rien que ne contienne la cause »... (226) und umgekehrt42...

La cause et l'effet ne sont ergo que des moments de l'interdépendance universelle, de la liaison (universelle), de l'enchaînement réciproque des événements, ils ne sont que des maillons dans la chaîne du développement de la matière.

NB :

« C'est la même chose qui se présente une première fois comme cause, une autre fois comme effet, là comme subsister propre, ici comme être posé, c'est-à-dire comme détermination dans un autre » (227).

NB

La liaison universelle concerne tous les aspects et englobe tout, et la causalité ne l'ex-prime qu'unilatéralement, fragmentairement et incomplètement.

« On peut encore remarquer que, pour autant qu'on admet le rapport de la cause et de l'effet, encore que dans une acception impropre, l'effet ne peut pas être plus grand que la cause, car l'effet n'est rien si ce n'est la manifestation de la cause » (230).

dans l'histoire « petites causes de grands événements »

Ensuite, sur l'histoire. Il est usuel, dit Hegel, d'y produire des anecdotes comme de petites « causes » de grands événements ; en réalité, ce ne sont que des occasions, qu'une äußere Erregung43 « dont l'esprit intérieur de l'événement n'aurait pas eu besoin » (230).


« Cette manière de peindre l'histoire en arabesques, qui fait surgir une grande forme d'une tige frêle donnant naissance à une plante de forme immense, peut bien être une manipulation ingénieuse, elle est cependant tout ce qu'il y a de plus superficielle » (ib.).

Cet « esprit interne » — cf. Plékhanov44 — est une indication idéaliste, mystique, mais très profonde sur les causes historiques des événements. Hegel rapporte entièrement l'histoire à la causalité et conçoit la causalité avec 1 000 fois plus de profondeur et de richesse que la multitude des « savants » contemporains.

« C'est ainsi qu'une pierre qui se meut est cause ; son mouvement est une détermination qu'elle a mais, hormis celle-ci, elle contient encore beaucoup d'autres déterminations : couleur, forme, etc., qui n'entrent pas dans sa causalité » (232).

La causalité, telle que nous la comprenons d'ordinaire, n'est qu'une petite parcelle de la liaison universelle, mais (addition matérialiste) une parcelle non pas de la liaison subjective mais de la liaison objectivement réelle.

« Or par le mouvement du rapport déterminé de causalité il est maintenant advenu ceci que la cause ne fait pas que s'éteindre dans l'effet, et par là même l'effet — comme dans la causalité formelle — mais au contraire que la cause dans son extinction devient à nouveau dans l'effet, que l'effet disparaît dans la cause mais tout autant devient à nouveau en elle. Chacune de ces déterminations s'abroge dans son poser et se pose dans son abroger ; il n'y a pas là un passage extérieur de la causalité d'un substrat sur un autre, mais au contraire son devenir autre est en même temps son propre poser. La causalité se présuppose donc elle-même ou se conditionne » (235).

« Le mouvement du rapport de causalité » = en réalité : le mouvement de la matière respective le mouvement de l'histoire, saisi, approprié dans sa liaison interne jusqu'à tel ou tel degré de largeur ou de profondeur...

« L'action réciproque se présente tout d'abord comme une causalité réciproque de substances présupposées, se conditionnant l'une l'autre ; chacune est à l'égard de l'autre substance active et en même temps substance passive » (240).

« Dans l'action réciproque, la causalité originaire se présente comme un naître à partir de sa négation, de la passivité, et comme un disparaître en celle-ci, comme un devenir...

« liaison et relation »

...Nécessité et causalité y ont donc disparu, elles renferment l'une et l'autre l'identité immédiate, en tant que liaison et relation, et l'absolue substantialité des distingués, par

« unité de la substance dans la différence »

conséquent leur absolue contingence ; elles renferment l'unité originaire des différences substantielles, donc la contradiction absolue. La nécessité est l'être, parce qu'il est ; l'unité de l'être avec soi-même, qui est lui-même son propre fondement. Mais inversement parce qu'il a un


fondement il n'est pas être ; il n'est qu'apparence, relation ou médiation. La causalité est ce

relation, médiation

passage posé de l'être originaire, de la cause, dans l'apparence ou simple être-posé et, inversement, de l'être-posé dans l'originaire ; mais l'identité même de l'être et de l'apparence est


encore la nécessité interne. Cette intériorité ou cet être en soi abroge le mouvement de la

la nécessité ne disparaît pas en devenant liberté

causalité ; par là se perd la substantialité des aspects qui sont en rapports et la nécessité se démasque. La nécessité ne devient pas liberté parce qu'elle disparaît, mais bien parce que son identité encore intérieure se manifeste seule » (241-242).

Quand on lit Hegel sur la causalité, il semble à première vue étrange qu'il se soit relativement si peu arrêté sur ce thème tant chéri des kantiens. Eh bien ! parce que, pour lui, la causalité est seulement une des déterminations de la liaison universelle, qu'il avait déjà embrassée bien plus profondément et universellement auparavant, soulignant toujours et dès le début, dans tout son exposé, cette liaison, les passages réciproques, etc., etc. Il serait très instructif de comparer les « douleurs » du néo-empirisme (respective « idéalisme physique ») avec les solutions, ou plus exactement avec la méthode dialectique de Hegel.

A noter encore que dans l'Encyclopédie Hegel souligne l'insuffisance et le vide du concept d' « action réciproque » pris tout seul.

Tome VI, p. 30845.

« Sans doute l'action réciproque est, à dire vrai, la vérité la plus proche du rapport de cause et effet et elle se tient, pour ainsi dire, au seuil du concept. C'est justement la raison pourquoi on ne peut pas se contenter de l'application de ce rapport quand il s'agit de la connaissance conceptuelle.


Si l'on s'en tient là, pour ne considérer un contenu donné que sous le simple aspect de l'action réciproque, c'est en réalité une démarche d'où la compréhension est tout à fait absente ; on a alors simplement affaire à un fait sec et l'exigence de

l'action « réciproque » seulement = vide


la médiation, dont il s'agit justement tout d'abord dans l'application du rapport de causalité, reste à nouveau insatisfaite. Considéré plus précisément, ce rapport au lieu de valoir comme un équivalent du concept, veut être lui-même d'abord

exigence de médiation (liaison), voilà ce dont


Compris ; et cela n'a lieu qu'autant que les deux aspects de ce rapport ne sont pas laissés comme des immédiatement donnés, mais au contraire, comme il a été montré dans les paragraphes précédents, sont connus comme les moments d'un

il s'agit dans l'application du rapport de causalité


troisième, plus élevé, qui est précisément le concept. Si, par exemple, nous considérons les mœurs du peuple spartiate comme l'effet de sa constitution et, inversement, celle-ci comme l'effet de ses mœurs, cette considération peut bien


NB

être exacte à tout coup sans procurer pour autant une satisfaction définitive, car en réalité ni la constitution ni les mœurs ne sont comprises par là.

NB


Cette compréhension ne peut avoir lieu qu'autant que ces deux aspects et tout autant tous les autres aspects particuliers que montrent la vie et l'histoire du peuple Spartiate sont connus en tant que fondés dans son concept » (308—309).

tous les « aspects particuliers » et la totalité (« Begriff »)

— — — — —

A la fin du livre II de la Logique, tome IV, p. 243, lors du passage au « concept », il y a cette définition : « le concept, royaume de la subjectivité ou de la liberté »...

NB Liberté = subjectivité (« ou bien ») but, conscience, aspiration NB



Notes

1 Hegel, Werke, Bd. IV, Berlin, 1834.

2 A propos. Hegel se moque souvent [Cf. les passages cités ci-dessus sur la gradualité] du mot (et du concept) erklären, « expliquer », sans doute pour opposer à la solution métaphysique une fois pour toutes (« c'est expliqué » ! ! ) le processus perpétuel de la connaissance de plus en plus approfondie. Cf. tome III, p 463 : « peut être connu ou, comme on dit, expliqué. » (Note de Lénine)

3 Mouvement.

4 L'essentiel et l'inessentiel. L'apparence.

5 A peu près.

6 En rapport avec.

7 Apparence.

8 Il s'agit de l'ouvrage de Kant : Kritik der Urteilskraft (Critique de la faculté de juger), 1790,

9 Qu'on excuse l'expression.

10 L'essence.

11 Contraire, opposition.

12 Sous tel ou tel rapport, pour autant, etc.

13 En français dans le texte.

14 Par conséquent.

15 En allemand dans le texte.

16 Sauver.

17 Lénine fait allusion à la publication des trois ouvrages suivants : Hegel, Science de la logique (les deux premiers livres parurent en 1812 et en 1813) ; Marx et Engels, Manifeste du Parti communiste (écrit à la fin de 1847, paru en février 1848) ; Darwin, l'Origine des espèces (publié en 1859).

18 Dans ce passage, le mot allemand Grund (fond, fondement, fond fondant, abîme, ...), que Lénine traduit ici par le mot russe основание, a dû être traduit alternativement par : raison (à cause de l'expression « raison suffisante ») et fondement.

19 Le rapport des causes.

20 Le fondement réel.

21 Plusieurs.

22 Sauf erreur de ma part, il y a pas mal de mysticisme et de creux...

23 Hegel mis sens dessus dessous de façon matérialiste.

24 Cela coïncide.

25 Réflexion extérieure.

26 La choséité.

27 Propriété.

28 Substance.

29 Calme.

30 Lacune.

31 Totalité du phénomène.

32 Dans Matérialisme et empiriocriticisme Lénine parle des vues de Pearson et de son ouvrage The Grammar of Science (La grammaire de la science), 1892.

33 S'accroche à cela.

34 Chassez le Dieu, il reste la nature.

35 Abandonné à l'être autre.

36 On passe ici à un nouveau cahier de Lénine : « Hegel, Logique II (pp.49-88) ».

37 Lénine appelle « Petite Logique », par opposition à la « grande » — Science de la logique —, la première partie de l'Encyclopédie des sciences philosophiques. Dans une lettre à Marx du 21 septembre 1874, Engels dit que l'Encyclopédie de Hegel est à la portée de tous. Quand il lut la correspondance de Marx et d'Engels, publiée en allemand en quatre volumes, Lénine fit un résumé de cette lettre et recopia ce passage. K. Fischer fait un exposé de la logique de Hegel dans son Histoire de la philosophie moderne. Les défauts de cet exposé sont indiqués par Lénine plus loin (voir le présent tome, p. 166).

38 Hegel, Werke, Bd. VI, Berlin, 1840.

39 A l'être humain.

40 Hegel, Werke, Bd. IV, Berlin, 1834.

41 En français dans le texte.

42 Et inversement.

43 Impulsion extérieure.

44 G. Plékhanov, Pour le soixantième anniversaire de la mort de Hegel (Œuvres philosophiques choisies).

45 Hegel, Werke, Bd. VI, Berlin, 1840.


Archives Lenine Archives Internet des marxistes
Début Précédent Haut de la page Sommaire Fin