1888 |
Une présentation du premier parti marxiste français |
Le Parti Ouvrier Français
1888
Le Parti Ouvrier Français se propose de grouper, autour d’un programme commun et pour une action de classe, tous les travailleurs des deux sexes, tant manuels qu'intellectuels, en vue de la conquête totale du pouvoir politique, qui, seule, pourra réaliser l'affranchissement économique de la classe ouvrière, en socialisant définitivement l’ensemble de tous les moyens de production, actuellement possédés par une petite minorité de capitalistes non-travaillant, mais qui, devenus propriété collective de tous les travailleurs, à quelque nation qu’ils appartiennent fonctionneront pour l’usage et au profit de la société humaine tout entière.
Le Parti ouvrier français a tenu jusqu’ici dix-sept Congrès nationaux :
Au Congrès général des organisations socialistes françaises (Paris 3-8 décembre 1899), où les délégués du Parti ouvrier représentaient sensiblement près de la moitié des mandats, les résolutions adoptées, interdisant à un socialiste d’entrer dans un ministère bourgeois et mettant sous le contrôle d’un organisme central les journaux, les élus et les candidats qui se réclament du socialisme, n'étaient, pour le fond et pour la forme, que les résolutions mêmes votées par le Parti dans son Congrès d'Epernay.
Les adhérents au programme et à la tactique du Parti ouvrier français dans une même localité se constituent en groupes d’études sociales, dont les membres établissent en commun leur budget, prennent les mesures propres à propager les doctrines du Parti dans leur domaine d’action, abordent et étudient tous les problèmes que les événements se chargent de venir journellement leur poser. Ils sont autonomes.
Dans une grande circonscription urbaine, dans un département ou une région du territoire français, les divers groupes se forment en Agglomérations, en Fédérations départementales ou régionales.
Les délégués de ces groupes se réunissent annuellement en Congrès régionaux ou départementaux et s’entendent, après délibération, sur l’action commune à mener dans la région.
Un Comité fédéral, élu par chaque Congrès, assure, pendant l’année, l’exécution des décisions ainsi prises.
Un Congrès national annuel réunit, de tous les points de la France, les délégués des fédérations et groupes du Parti, qui viennent exposer et soumettre à la libre discussion, les projets et les avis qui émanent de leurs mandants. Les décisions et résolutions du Congrès national sont souveraines jusqu'au Congrès suivant : il est l’arbitre et le juge suprême du Parti.
D’un Congrès à l’autre, un Conseil national, élu et responsable, est chargé de veiller à l’exécution des décisions des Congrès. Il se compose :
En toute occasion qui exige une action publique et unitaire du Parti, la Commission permanente convoque, en assemblée plénière, les représentants des Fédérations ou Agglomérations pour prendre les mesures nécessaires.
Les Secrétaires des groupes sont en relation permanente avec le Conseil national.
Toute l’action du Parti repose ainsi sur une discipline librement consentie. Indépendant dans l’étendue de son ressort immédiat, tout groupement dispose, en ce qui concerne la tactique à suivre sur un territoire plus étendu, d'une part d'influence dans les délibérations communes. Les décisions du Congrès national et celles du Conseil national qui le représente, sont ainsi l’expression directe de l’ensemble des tendances qui règnent dans le Parti.
Le Conseil national publie un organe central hebdomadaire, le Socialiste qui relie entre eux les groupes, pour lesquels l’abonnement est obligatoire
Les groupes et les Fédérations fixent le montant des cotisations locales et fédérales payées par leurs membres. Toutefois, afin d’assurer une ressource permanente au Conseil national :
Le devoir du Parti est de préparer, partout et toujours, par tous les moyens, la révolution sociale qui pacifiquement ou violemment mettra le pouvoir politique dans les mains du prolétariat organisé en parti de classe ; seule condition qui permettra l'abolition du salariat et la remise à la collectivité, du sol et des instruments de production.
C’est pourquoi les militants, les groupes et les Fédérations ont à instituer une agitation constante: I. Par la propagande; II. Par l'action électorale.
Le Parti doit présenter des candidats et faire pénétrer des
représentants dans tous les corps élus :
• Conseils des Prud’hommes ;
• Conseils municipaux ;
• Conseils d'arrondissement ;
• Conseils généraux;
• Chambre des députés ;
• Sénat.
Car, 1°, la période électorale lui offre le terrain le plus favorable pour une lutte légale contre la bourgeoisie capitaliste qui détient le pouvoir ;
2° Partout où le prolétariat installe ses représentants, il peut, d’une part, réaliser, non pas des réformes socialistes, qui ne sont possibles que le jour où il sera lui-même en possession de l'Etat, mais des améliorations de détail apportant quelque soulagement, et par la même quelque force, à la classe des travailleurs ;
3° Les voeux et les propositions de lois déposées par les Elus du Parti, ou bien forcent la bourgeoisie, par la crainte de la révolte ouvrière, à lâcher quelque parcelle de sa domination, ou bien servent à montrer plus nettement, par le mauvais vouloir des capitalistes, que le prolétariat, pour son émancipation économique et politique, ne doit compter que sur lui-même et sur sa propre force.
Il suffit de quelques hommes dévoués, désireux de prendre part à la propagande socialiste, pour constituer le noyau d’un groupe d’études sociales.
A la suite d’une réunion, pour laquelle il est aisé de s’assurer le concours d’un ou plusieurs militants du Parti par l’intermédiaire d’un groupe déjà existant, d’une Fédération locale ou du Conseil national, le groupe déclare adhérer au programme et à la tactique du Parti ouvrier français. Il nomme un Secrétaire, qui adresse immédiatement au Conseil national la liste des membres du groupe, en lui demandant les cartes, insignes, exemplaires du règlement nécessaires, et en souscrivant un abonnement au Socialiste. (Trois mois: 1 fr. 50).
Dès lors, le groupe fonctionne et peut recruter autour de lui de nouvelles adhésions, assuré constamment de trouver l'aide la plus efficace auprès de tous les groupements du Parti, conformément à la devise : TOUS POUR UN, UN POUR TOUS
Dès qu’il existe plusieurs groupes dans un même département, il est de leur intérêt et de leur devoir de s’entendre pour former une Fédération départementale adhérente au Parti.
Tous ceux qui, souffrant directement ou indirectement,des misères de la société actuelle, sont convaincus qu’elles ne peuvent cesser que par l’entente internationale des travailleurs pour l’expropriation politique et économique de la classe capitaliste et le retour à la collectivité de tous les moyens de production et de distribution des produits, doivent adhérer au Parti ouvrier français.