1943

LA LUTTE de CLASSES  - n° 8
Prolétaires de tous les pays, unissez-vous !
Organe du Groupe Communiste (Quatrième Internationale)


Barta

20 janvier 1943


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LUXEMBOURG, LIEBKNECHT, LENINE, voilà notre programme !


L'avance soviétique RAPPROCHE L'HEURE de la REVOLUTION SOCIALISTE EN Europe
VIVENT LES  ETATS-UNIS SOCIALISTES D'EUROPE


Défaite de Hitler

Le 22 juin 1941, en donnant à ses troupes l'ordre d'attaquer l'Union Soviétique, Hitler, suivant ses propres paroles, "souleva les voiles de l'inconnu".

Les facteurs matériels de la guerre, le nombre des tanks, des avions, des canons, les effectifs soviétiques tout cela était bien connu de l'Etat-major allemand, qui disposait à cet effet d'un appareil d'espionnage pourvu de moyens abondants et perfectionnés.

Mais quelle pouvait être la résistance du régime social créé dans l'ancien Empire des tsars par le prolétariat victorieux, devant l'assaut des armées du Reich ? Qui, de la vieille civilisation capitaliste pourrissante représentée par les armées "européennes" ou de la société planifiée, quoique isolée et dirigée par une bureaucratie, représentée par l'Armée Rouge, résisterait le mieux à l'épreuve de la guerre ?

La lutte héroïque et la défense victorieuse de l'Armée Rouge éclaire maintenant le monde entier sur la force et la combativité d'un peuple régénéré par la Révolution prolétarienne. "L'inconnu" a saisi Hitler à la gorge et l'avenir socialiste de l'humanité, dont la sauvegarde de l'URSS est un des gages précieux, est dès maintenant assuré.

Il est vrai que dès 1937, Trotsky lançait un avertissement aux impérialistes qui, croyant l'URSS suffisamment affaiblie par les épurations de Staline, prirent le chemin qui aboutit à Munich : "les fausses accusations contre les idoles d'hier (de Staline contre les maréchaux soviétiques, Toukhatchevski, etc...) et leur exécution, portent naturellement l'incertitude et la démoralisation dans les rangs de l'Armée Rouge. Cependant... l'endurance, la mobilité et la subtilité du soldat et de l'officier soviétiques restent une réalité, de même que la haute qualité du tank et de l'avion soviétiques... SI L'HUMANITE TOUTE ENTIERE N'EST PAS REJETEE DANS LA BARBARIE, LES BASES SOCIALES DU REGIME SOVIETIQUE (nouvelles formes de propriété et l'économie planifiée) RESISTERONT A L'EPREUVE DE LA GUERRE ET EN SORTIRONT MEME FORTIFIEES."

Mais Trotsky parlait en marxiste et Hitler hait le marxisme.

La défaite de Hitler remettra-t-elle le sort du monde entre les mains de Roosevelt et de Churchill, ou entre celles de Staline ? Roosevelt et Churchill sont en effet prêts à imposer au monde l'exploitation de l'impérialisme américain et anglais. Staline a depuis longtemps renoncé à la Révolution mondiale qu'il a qualifiée de "malentendu tragi-comique" (1935) et qui en a donné des preuves en conformant l'action des différents partis "communistes" aux besoins de ses alliés impérialistes momentanés et par les buts poursuivis dans la guerre actuelle par la bureaucratie soviétique.

Mais en fin de compte l'issue de la guerre ne dépend pas des calculs des dirigeants qui s'opposent à la marche en avant de l'humanité, mais de la nature des forces en présence et du résultat de leur choc. Qui, de l'impérialisme (l'exploitation du monde par les banques et les trusts) ou du prolétariat et des peuples opprimés et coloniaux sortira vainqueur ? Si l'humanité n'est pas rejetée dans la barbarie, le sort des peuples ne dépendra pas non plus de Roosevelt et de Churchill.

LE SORT DU MONDE SERA DETERMINE PAR LA VICTOIRE DE LA CHINE SUR LE JAPON, DE L'INDE SUR L'ANGLETERRE, DE L'URSS SUR L'ALLEMAGNE, DU PROLETARIAT DES PAYS CAPITALISTES SUR LEUR PROPRE BOURGEOISIE.


Quelles forces l'avance soviétique réveille-t-elle ?

Dans le monde entier l'avance soviétique renforce les opprimés et les exploités contre leurs oppresseurs et leurs exploiteurs, avant tout les ouvriers et les paysans d'Europe contre leur propre bourgeoisie.

En Italie, où Mussolini ne s'est maintenu que grâce aux victoires remportées par le fascisme et la réaction dans d'autres pays (Allemagne, Espagne, France), le prolétariat renouera avec les traditions révolutionnaires de 1920, quand les ouvriers firent marcher eux-mêmes les usines. Les paysans, qui depuis le début du conflit où les a jetés Mussolini ont montré qu'ils ne voulaient pas se battre pour les intérêts du capitalisme italien qui les gruge, se mettront du côté des ouvriers dans leur lutte contre le régime exécré... Si le fascisme italien a prolongé sa domination par la victoire du fascisme allemand en 1933, les jours du régime hitlérien sont abrégés par la pourriture du régime du Duce.

Dans les Balkans et en Hongrie, la question agraire et celle des nationalités ont une puissance explosive qui aurait depuis longtemps éclaté sous les jambes du fascisme au contact de la flamme communiste. Staline n'est pas porteur d'un tel flambeau. Mais la révolution éclatera quand même sous l'effet d'une avance soviétique profonde désorganisant les armées "européennes".

Les peuples polonais et tchécoslovaque mettront à profit l'affaiblissement de l'impérialisme allemand pour faire une révolution prolétarienne qui les libérera avant que des libérateurs de profession les asservissent sous une forme ou sous une autre.

En Espagne, huit années de luttes révolutionnaires (1931-1939) ont fait du prolétariat espagnol la fraction la plus avancée au service de la révolution mondiale. Leur trempe morale et leur haine pour le régime de Franco est complétée par une expérience politique inoubliable, celle de l'union avec ses propres exploiteurs "de gauche" pendant la guerre civile (Front populaire). C'est la politique de collaboration de classes qui conduisit l'Espagne rouge à sa perte. Aujourd'hui, seule une politique révolutionnaire de classe peut être accueillie par les ouvriers de la péninsule.

En France également, l'expérience du Front populaire n'aura pas passé sans apprendre aux ouvriers à distinguer entre les phrases sur la "défense de la démocratie" par l'Etat bourgeois et la conquête réelle des libertés démocratiques par une action prolétarienne autonome. Quand ils seront à nouveau engagés dans une lutte décisive comme en juin 1936 ils la mèneront jusqu'au bout sans se laisser détourner par les "il faut savoir finir une grève" des opportunistes.

En Allemagne, enfin, où le prolétariat a été livré à Hitler par ses organisations politiques et syndicales qui ont capitulé sans lutte, et dans la partie autrichienne du Reich où les ouvriers ont combattu les armes à la main (12 février 1934) contre le bourreau Dollfuss, la révolution prolétarienne sapera la force principale de tous les autres Etats bourgeois européens, l'Allemagne impérialiste.

L'HEURE APPROCHE OU L'UNION DES OUVRIERS DE TOUS LES PAYS OUVRIRA AU MONDE UNE ERE NOUVELLE DE PAIX ET DE LIBERTE !


Pour une politique révolutionnaire !

Quand, depuis février 1934, la Quatrième Internationale appelait à la création de milices ouvrières et à l'armement du prolétariat pour riposter aux bandes fascistes, les chefs du PCF s'emparèrent de tous les arguments social-démocrates sur l'impossibilité pour les ouvriers de s'armer et ils réclamaient l'intervention de l'Etat bourgeois contre le fascisme.

Aujourd'hui ils se donnent un air de parfaits bolchéviks en appelant à l'action individuelle (groupes de partisans) pour aider l'URSS. Mais cela ne peut pas cacher leur manque de perspectives et de programme d'action révolutionnaire.

La IVème Internationale préconise aussi, dans la guerre de l'impérialisme allemand et français contre l'URSS, une action défaitiste utilisant des méthodes de sabotage et d'actions armées contre l'armée allemande impérialiste. Mais elle ne met pas un seul instant dans le même sac le corps des officiers du Reich et les soldats allemands ouvriers et paysans. La principale aide qu'un pays occupé puisse apporter à l'URSS ne peut pas être militaire, mais révolutionnaire, en contribuant à la désagrégation de l'armée impérialiste. Le parti stalinien rejette par contre les soldats allemands dans les bras de leurs officiers par une misérable campagne anti-"boche" et par une politique d'attentats qui vise indistinctement soldats et officiers allemands. Les travailleurs de tous les pays doivent reconnaître pour leurs ennemis tous les bureaucrates qui veulent les séparer les uns des autres.

IL N'Y A QU'UNE SEULE MANIERE D'AIDER L'URSS, DONT LES ENNEMIS SONT TOUS LES IMPERIALISMES, Y COMPRIS LES IMPERIALISMES AMERICAIN ET ANGLAIS : IL FAUT ETENDRE LA REVOLUTION PROLETARIENNE A D'AUTRES PAYS, DONC EN FRANCE.

Mais, s'affranchir du capitalisme, cela ne peut pas être l'œuvre militaire d'une armée étrangère, si rouge qu'elle soit (leçon tirée par Lénine après l'échec de la campagne de l'Armée Rouge en Pologne en 1920) mais l'œuvre des ouvriers eux-mêmes qui doivent mettre sens dessus dessous leurs rapports avec leur propre classe capitaliste. La IVème Internationale prétend que la classe ouvrière française doit se libérer elle-même par la lutte révolutionnaire ; mettant à profit les premières circonstances favorables qui seront créées par les défaites de Hitler, elle réalisera l'armement du prolétariat et couvrira le pays de ses organes de classe, les Conseils (Soviets) ouvriers et paysans, pour la conquête des libertés démocratiques (droit de réunion, de presse, amnistie politique, droit de grève et d'association, etc...) et pour la création d'un gouvernement ouvrier et paysan appuyé sur les Conseils.

C'EST SEULEMENT CETTE POLITIQUE QUI NOUS CONDUIRA AUX ETATS-UNIS SOCIALISTES D'EUROPE.


Prêts pour la lutte !

Grâce à la solidité du régime issu de la Révolution d'Octobre 17 en Russie, une nouvelle étape est sur le point de s'ouvrir dans la marche de la guerre : l'étape de la guerre civile.

Le prolétariat français qui fut autrefois à l'avant-garde des Révolutions doit maintenant se préparer à lutter jusqu'au bout pour son propre sort. Redresser la tête, resserrer toutes ses liaisons, s'organiser, s'éduquer, redoubler d'activité, tel est le devoir de l'heure pour chaque ouvrier conscient.

Que ceux qui sont raflés pour l'Allemagne et qui ne peuvent pas se cacher, le fassent payer cher à Hitler par un sabotage conscient en union étroite avec les ouvriers allemands qui luttent pour renverser le fascisme. Ils hâteront ainsi la défaite de l'Allemagne impérialiste, la victoire de l'URSS, la libération des prisonniers et l'écroulement du régime de Vichy.

Les ouvrières qui remplaceront ceux qui partent se montreront encore moins disposées à travailler pour la guerre impérialiste, en s'organisant et en s'éduquant pour la révolution socialiste qui seule rendra la femme libre et égale à l'homme.

Pour l'armement du prolétariat, pour les Conseils (Soviets) ouvriers et paysans,

Pour le Gouvernement ouvrier et paysan !

VIVE L'ARMEE ROUGE ! VIVENT LES ETATS-UNIS SOCIALISTES D'EUROPE !


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