|
Ministre de l'Intérieur en Russie entre 1902 et 1904. Tué dans un
attentat par le Socialiste Révolutionnaire Igor Sazonov.
Plehve fut, bien entendu, tout aussi impuissant devant
la sédition populaire que son successeur ; mais il faisait peur
aussi bien aux journalistes libéraux qu'aux petits conspirateurs
des zemstvos. Il détestait la révolution d'une haine furieuse de
vieux mouchard que la bombe guette à tous les coins de rue, il
poursuivait les séditieux avec des yeux injectés de sang -bien en
vain !... Et sa haine insatisfaite s'étendait aux professeurs, aux
membres des zemstvos, aux journalistes qu'il voulait considérer
comme les " instigateurs " légaux de la révolution. Il réduisit la
presse libérale au dernier degré de l'avilissement. Il traitait
les journalistes de " canailles " : non seulement il les exilait
ou les mettait sous clef, mais, dans les entretiens qu'il avait
avec eux, il les menaçait du doigt comme des gamins. Il corrigeait
les représentants les plus modérés des comités d'économie rurale,
organisés sur l'initiative de Witte, comme de turbulents
étudiants, et non de " vénérables membres de zemstvos ". Et il
arriva à ses fins : la société libérale tremblait devant lui et sa
haine, bouillonnante, était à la mesure de son impuissance. Un
grand nombre de ces pharisiens libéraux qui blâment
infatigablement " la violence du côté gauche " comme " la violence
du côté droit " saluèrent la bombe du 15 juillet comme une envoyée
du Messie.
Léon Trotsky, 1905,
1909
|